Page:Le Goffic - Poésies complètes, 1922.djvu/159

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« Dieu nous pardonne ! Un voile était sur notre esprit.
Quand l’univers entier dans l’attente du Christ
Haletait, comme un corps épuisé par les fièvres,
Oh ! l’oubli révoltant ! seuls parmi les humains.
Nous n’avons pas baissé la tête, joint les mains.
Ingrats ! Aucun de nous n’a desserré les lèvres !
 
« Eno, Stanis, et vous, capitaine, jurons
De faire un grand pavois avec nos avirons
Et d’entendre la messe à la prochaine escale.
Nous hisserons l’Enfant Jésus sur le pavois
Et nous ferons le tour de l’église trois fois
Et trois fois le tour de la cale… »

Et brusquement tout disparut. L’aube avait lui.
Le vieil Eno frottait ses yeux et, près de lui,
Mes autres matelots semblaient sortir d’un rêve…
À trois heures de là nous entrions au port.
Le vent est sud-sud-est et je signe au rapport :
Pierre Mainguy, patron du sloop la Jeanne-Estève.