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I


Tout corrodés d’affreux genièvres
Et gardant sur leurs matelas,
Dans le pli tourmenté des lèvres,
Un sourire idiot et las,

On voit au Havre, dans les bouges
Du triste quartier Saint-François,
Des matelots aux faces rouges
Qui sont couchés les bras en croix.
 
Pauvres gens qui n’ont pas d’histoire,
Pas même de foyer souvent,
Dont la vie est un purgatoire
Dans l’embrun, la houle et le vent !
 
Comment, au sortir de ces geôles,
Eussent-ils pu, seuls, sans appui,
Flageolant sur leurs jambes molles,
Parer les pièges de la nuit ?