Page:Le Goffic - Poésies complètes, 1922.djvu/53

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Et regarde ! Les vents eux-mêmes n’ont plus d’aile,
ils dorment. Oh ! comme eux, clos ta pauvre aile, hélas !
Puisque la blanche mer repose et que près d’elle
La grève blonde étend son corps humide et las.

Et le soleil aussi s’endort. Des clartés fauves
Vont s’épandant du lit où le dieu s’est couché.
Sur les récifs tournoie un dernier vol de mauves ;
Un grand sloop file au ras des eaux, le mât penché.
 
Et son éperon lisse et fin comme une lance
Pique les flots cabrés qui hennissent autour ;
Et c’est du haut du pont un matelot qui lance
Au clocher entrevu l’hollaï du retour.
 
Et rien, plus rien ! Le bec enfoui sous son aile,
Seul, un héron qui dort s’éveille au cri jeté,
Darde sur l’horizon l’éclair de sa prunelle
Et reprend tout d’un coup son immobilité.