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ses prières, quand il l’invoquait pour la Bretagne, ces tours qui avaient vu ses aspirations ardentes, ses austérités inimitables ? N’était-ce pas dans un coin de cet édifice que le saint reposait chaque nuit sur une couche dont le matelas était rembourré de triques et de fagots ?

Eh bien! cette antique et vénérable nef, vraie relique de saint Yves, route pleine de lui, on l’a détruite, démolie comme la plus vulgaire baraque. Je ne puis pas retenir le mot qui seul exprime ma pensée: c’est un sacrilège ! Ce n’est pas comme archéologue que je proteste ; c’est comme chrétien, comme Breton. »

CHASUBLE DE SAINT YVES.

Dans la vieille église de Louanec et dans la nouvelle se conserve encore la chasuble dont parle M. de la Borderie. Elle y est exposée dans une sorte d’armoire vitrée. C’est la planeta ou chasuble ample dans la forme du moyen-âge, qui se relevait sur les bras en formant des plis gracieux. Elle est faire d’une étoffe ancienne où sont tissés des rangs de griffons ailés affrontés, chacun des rangs étant séparé par une bande étroite ornée de zig-zags, et chacun des griffons par un losange ou une macle héraldique. Espérons du moins que cette précieuse relique sera conservée avec plus de soin que la vieille église qui a disparu.

SARCOPHAGE DE LANDELEAU.

Il y a quinze ans, au cimetière de Landeleau, à six mètres de la grande porte ouest de l’église, existait une sorte de petit oratoire de 4 ou 5 mètres de longueur sur 2m 50 de largeur, désigné par les fidèles sous le nom d’Ermitage de saint Théleau. L’ensemble de l’édifice semblait être du XVe siècle, mais les assises inférieures se composaient d’un appareil en arêtes de poissons ou feuilles de fougères et devait remonter à une haute antiquité peut-être même à l’époque (premières années du Ve siècle) où saint Théleau, évêque de Landaff au pays de Galles, vint dans notre Armorique et passa au territoire de Landeleau auquel il donna son nom. Dans cet ermitage se trouvait un sarcophage de granit, d’une longueur totale de 2m 32, ayant 2 mètres de creux avec logette pour recevoir la tête. Ce sarcophage porte dans le pays le nom de Lit de saint Théleau. Saint Yves prêchant en notre contrée eut à passer une nuit à Landeleau, comme il est dit au paragraphe XVI, et par esprit de pénitence et de vénération pour saint Théleau, il quitta sa chambre pour aller coucher dans ce lit de pierre, ce dont rendit témoignage son compagnon Maurice du Mont. L’ermitage a disparu, mais le sarcophage est conservé dans l’église paroissiale et on peut le vénérer comme ayant à sanctifié, peut-être par saint Théleau, certainement par saint Yves.

NOUVEAU T0MBEAU DE SAINT YVES.

On a vu au paragraphe XXXIX comment le Duc Jean V fit construire la grande chapelle du Duc au côté nord de la cathédrale de Tréguier et érigea dans cette chapelle un tombeau monumental à saint Yves ouvrage pour lequel il donna son poids en argent. Ce tombeau a été détruit en 1793.

De nos jours Mgr Bouché, qui occupa le siège de Saint-Brieuc de 1884 à 1888, animé d’un grand zèle pour la gloire de saint Yves, pensa rétablir ce monument et chargea M. A. de la Borderie d’en rédiger le programme, de manière à reproduire aussi exactement que possible dans ses lignes générales le tombeau élevé par Jean V. Une notice détaillée servit donc de guide à l’architecte, M. Devrez pour dresser un plan admirablement étudié et très heureusement compris, plan qui fut soumis à l’examen et à l’approbation d’une commission spéciale le 19 mai 1885. Pour arriver à réunir les fonds nécessaires à la réalisation de ce projet, M. le chanoine Le Goff, Curé-Archiprêtre de Tréguier, fit appel à tous les prêtres bretons et tous les dévots de saint Yves.