LA VIE DE S. HERVÉ.
gravité, un parfum d’antiquité. La passion ardente et absolue de la virginité nous reporte aux premiers âges du christianisme la vengeance impitoyable du vœu violé, exercée par la mère même sur son fils, pauvre enfant innocent encore à naître, est un trait qui sent la barbarie. Et cela est si vrai que, sauf cette première version de la Vie de S. Hervé, on ne trouve ce trait nulle part. » M. A. de la Borderie établit ensuite que Rivanone éprouva le même ressentiment contre le petit aveugle quand il vint au monde ; que de sept à quatorze ans Hervé dut son éducation à saint Arthian et que cette période terminée, éprouvant le désir de s’entretenir avec sa mère, il fit d’abord demander par son parent saint Urphoed ou Urfol le consentement de celle-ci, consentement qui semble d’ailleurs lui avoir été accordé avec joie, l’amour maternel s’étant enfin éveillé.
L’Assemblée du MeKM-B)’6. À En ce temps-la, est-il dit dans la Vie latine, il y eut une assemblée des prélats et des peuples pour excommunier Conomor, préfet du roi. Hervé, invité à ce concile, y arriva tardivement. Ces choses furent faites dans le lieu appelé le Menez-Bré. » a Lobineau, dit M. A. de la Borderie, voit là seulement une < assemblée de quelques évêques, qui se rendirent sur le Menez-Bré pour y excommunier Conomor, noirci de crimes détestables. » C’est donner de l’événement une idée rappetissée et bien peu exacte. Il y avait là bien plus que « quelques évêques. » Sans doute tous ceux de la Bretagne y étaient, mais avec eux des abbés, des prêtres, des moines, des représentants de tous les ordres ecclésiastiques, puisque Hervé, ni prêtre ni diacre, simple exorciste, y avait été convié, et qu’on l’attendit même tout un jour pour prononcer la sentence. Ce n’est pas à l’exorciste sans doute qu’on rendait cet honneur, c’est à l’un des chefs notables de l’ordre monastique. Cela prouve la capitale importance, la suprématie du monachisme dans l’église bretonne caractère essentiel du vie siècle. »
Ajoutons que l’évêque de Léon qui au concile du Menez-Bré fit le trajet de l’aller et du retour avec saint Hervé, était saint Hoardon. C’est en revenant de cette montagne au pays de Léon qu’ils virent le ciel ouvert et toute la hiérarchie du ciel cette faveur, accordée une fois à l’évêque, était le privilège quotidien de saint Hervé ; ainsi s’accomplissait le souhait formulé autrefois par le pieux barde son père que privé de la lumière terrestre par le vœu cruel de sa mère il eût comme compensation la vision du monde céleste.
La topographie dans la Vie de saint Hervé. Landouzan (ou ZftMKMzctM) est le lieu où se rencontrèrent Hoarvian et Rivanone. Cet endroit était sur le bord d’une voie romaine allant de Carhaix à l’embouchure de l’Abervrac’h ou à Plouguerneau. Ce village fait aujourd’hui partie de la commune du Drenec, canton de Plabennec, arrondissement de Brest.
M. de la Borderie conteste le bien-fondé de la tradition qui place à Lanrioul (en Plouzévédé) le lieu de naissance de saint Hervé et à Quéran ~<.MfCtK/ en Treflaouénan, le lieu de sa première éducation par Rivanone il trouve la distance de cinq à six lieues trop forte pour être ici facilement admise, et le nom même du frère de Rivanone, Lanna Rigurii /L<MMtOMJ !/ ne serait pas une preuve suffisante. Nous l’avons vu, quand il quitta sa mère c’est pour aller bien petit encore à l’école de saint Arthian ; ici le lieu n’est pas précisé ; il quitte saint Arthian pour aller chercher son parent saint Urfoëd dans la forêt Douna (la forêt profonde), il le trouva là entouré d’écoliers. L’emplacement de l’ermitage qu’Urfoëd céda à Hervé, sur la prière de Rivanone, est depuis longtemps marqué par une chapelle qui porte le nom de saint Urfol. Elle est dans la paroisse de Bourgblanc, canton de Plabennec, arrondissement de Brest. On y voit le tombeau du saint dont M. de Kerdanet dit <: H consiste en un sarcophage uni, sans inscription. Il est élevé de terre de trois pieds et repose sur la pierre même dont S. Hervé avait recouvert jadis le tombeau de son oncle. » M. de la Borderie rectifie « ou plutôt de son cousin. »
Tout le monde sait que le monastère définitif de saint Hervé, lieu de sa précieuse mort, fut l’emplacement actuel de l’église de Lanhouarneau.