Page:Le Grand Albert - La Vie des Saints.djvu/316

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LES VIES DES SAINTS

DONT LES FESTES

ESCHEENT AU MOIS DE JUILLET.

LA VIE DE SAINT GOULVEN,

Evesque de Léon, Con fesseur, le premier de Juillet.

u Temps du Pape Vigilius & de l’Empereur Justinian I. l’an de salut 540. régnant en la Bretagne Armorique le Roy Hoël, dit le Faineant, II. du nom, un certain personnage, nommé Glaudan, passa la Mer, &, quittant la grande Bretagne (qu’à présent on appelle Angleterre), vint, avec sa femme Gologuenn,

aborder la coste de Léon, en la Bretagne Armorique étans sortis du vaisseau, ils prirent leur chemin le long du rivage, & arrivèrent en la Paroisse de Ploiiider, distant deux lieues de la ville de Lesneven, &, voulant passer outre, la nuit les surprit en la greve qui est entre ledit Ploüider & Plou-ncour-trez, de façon qu’ils furent contraints de chercher à loger, cette nuit, en un Village situé és paluds de Brengorut, mais le Païsan à qui ils s’adresserent, voyant que c’estoient des étrangers pauvres & necessiteux, les refusa, de sorte qu’ils furent contraints de loger en un lieu, nommé alors Odena, où Gologuenn accoucha d’un Fils.

II. Le matin venu, Glaudan alla à la prochaine maison demander un peu d’eau, pour laver l’enfant & rafraischir la mère extrêmement altérée mais, d’autant que la fontaine étoit éloignée de là, il en fut éconduit ; toutefois, un Païsan lui presta un vaisseau & luy monstra le sentier qui, à travers la forest, menoit à la fontaine. Estant entré un peu avant dans la forest, il s’égara, le chemin estant tout couvert de feuilles & rameaux d’arbres, & ayant perdu la pluspart de la journée pensant trouver cette fontaine enfin, sur le soir, il se trouva prés du lieu où estoit sa femme & son enfant. Voyant donc qu’en vain il avoit courru, d’ailleurs la nécessité de sa femme, l’enfant foible & debile, il eut recours à Dieu, se jetta à genoux & luy présenta son humble prière, le supliant, la larme à l’ceil, de les assister en cette extrême necessité. Sa prière finie, tout incontinent, une belle fontaine sourdit, distante seulement d’un jet de pierre du lieu où estoit gisante Gologuenn, de laquelle elle but, puis y lava son enfant ; prognostique que cét enfant, en