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Page:Le Grand Albert - La Vie des Saints.djvu/338

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LA VIE DE S. PASCHARE.

il le combla au contraire, et il en creusa au fleuve un nouveau, qui, le rapprochant encore de la ville, le porta immédiatement au pied des murailles tout le monde, à Nantes, connaît le canal Saint-Félix. »

Saint Félix mourut le 8 janvier, en 583 d’après D. Morice, ou en 582 d’après la Gallia Christiana ; M. de la Borderie adopte de préférence cette date.

La tête de saint Félix en un chef d’argent, signalée par Albert Le Grand comme étant à la cathédrale de Nantes, s’y trouvait encore au moment de la Révolution comme l’atteste un inventaire de 1790 ; elle a été perdue avec le reste du trésor.

Peut-être quelques lecteurs seront-ils heureux de trouver ici les vers du Poète de ta PetiteBretagne

LA VIE DE SAINT PASCHARE, OU PASQUIER, Evesque de Nantes, Confesseur, le dixiéme Juillet.

Iaint Pasquier estoit Breton Armoricain, & nasquit de Parens Nobles & riches, lesquels faisoient leur séjour ordinaire en la ville de Nantes. Il nasquit l’an de grâce 603, seant au Saint Siege Apostolique saint Grégoire le Grand, sous l’Empire de Phocas, & régnant en Bretagne Armorique le Roy

Hoël III. du nom. Ce saint Enfant, donné de Dieu pour l’ornement de sa Ville & le Pere de son Peuple, fut par ses Parens soigneusement instruit en toutes sortes de bonnes disciplines mais sur tout dés son bas âge nourry en la crainte de Dieu, de sorte que, croissant en âge, il croissoit pareillement en vertu & perfection Il estoit orné d’une vive foy, d’une ardente charité, d’une chasteté Angelique, patient és adversitéz, facile à

Nantes n’a plus au front ses parures ducales,

Mais toujours on la nomme une reine des eaux

La Loire avec amour baigne ses larges cales,

Et jusqu’à l’Océan soulève ses vaisseaux.

Lorsque les blancs sauniers, par les jours de marée,

Amènent dans son port le sel de leurs palus,

Elle écoute en rêvant cette langue sacrée,

La langue des aïeux qu’elle ne parle plus.

Puis elle se souvient de Félix, son apôtre,

Laborieux édile et pontife inspiré,

D’une main répandant l’Évangile, et de l’autre

Creusant l’immense fosse où le fleuve est entré.

0 temple de Félix, opulentes murailles,

Les Normands t’ont brùlé, religieux manoir,

Sanctuaire incrusté de l’étain de Cornouailles,

Si luisant que la lune en faisait son miroir

Mais grâce, grâce enfin pour ces hordes nomades

Quelles destructions peuvent nous effrayer,

Dans ce siècle vanté, nous, témoins des noyades,

Ces hymens de la mort célébrés par Carrier !

A. Brizeux, T. II. La Fleur d’or. L’Éloge de Nantes.