VIE DE SAINT VIAL OU VITAL,
Communément dit Saint Viau, Hermite et Confesseur, le 16. Octobre.
urant la confusion en laquelle se trouva le Royaume de Bretagne Armorique, après la mort du Roy Alain, surnommé le Long, environ l’an de salut 702 (1). seant au Siége Apostolique le Pape Jean VI, & au Thrône Imperial Tybere III. qui mourut la même année, & eut pour successeur Justinian II. pour la
seconde fois, l’Église de Nantes estant regie par le venerable Prélat Amiot (2), nostre S. Vial nasquit en l’Isle d’Angleterre, de parens Nobles & riches, lesquels l’éleverent soigneusement & furent curieux de le faire instruire en toutes sortes de bonnes disciplines. Ayant passé ses jeunes ans en la maison paternelle, Dieu luy versa dans l’Ame un saint mépris du monde & des choses caduques, luy inspirant un ardent désir des choses Celestes & Eternelles, lequel, allant croissant, de jour à autre, il se résolut d’embrasser un parfait genre de vie &, pour mieux y parvenir, abandonna toutes choses & se rendit volontairement pauvre pour l’Amour de Jésus. Ayant souvent consulté de cette affaire avec Dieu en l’Oraison, le suppliant instamment de luy manifester sa sainte Volonté, il fut confirmé en sa première résolution &, s’étant dérobé de ses parens, passa la mer & vint arriver à l’emboucheure de la riviere de Loyre, à la coste de la Bretagne Armorique, où ayant ouy parler de la sainte vie & louable conversation des Religieux qui vivoient au Monastère de saint Philibert, en l’Isle de Nermoustier, il s’y rendit, se jetta aux pieds de l’Abbé, lequel ayant, quelque temps, experimenté sa ferveur & perseverance, le vêtit Religieux, l’an de grâce 725.
II. Quand il se vit admis en cette Religieuse compagnie, il changea entierément de façon de vivre &, encore bien qu’étant seculier, il s’adonnât à l’exercice de la Vertu, dés qu’il se vit couvert de la livrée de penitence, il redoubla ses ferveurs. Il excelloit en humilité, obeissance, patience, charité envers son prochain ; il avoit l’esprit toûjours élevé en Dieu étoit assidu à la Priere & Oraison en un mot, il fit paroître, pendant l’année de sa Probation, qu’il n’étoit pas Novice en la pratique des solides Vertus, de sorte qu’au bout de l’an il fut, du consentement de tous les Religieux, receu à Profession, laquelle ayant fait entre les mains de son Abbé, désireux de vivre solitaire & retiré, il demanda licence de s’en aller en quelque désert pour y vaquer plus librement à la contemplation son Abbé luy accorda sa requeste & luy permit de bâtir un petit Hermitage sur une petite montagne, ou colline, nommée alors le Mont de Scobrith (3), située au Pais de Raix, Diocese de Nantes, non loin du rivage de la riviere de Loire. Saint Vial, ayant receu la benediction de son Abbé, prît congé de ses Confrères & se retira audit lieu de Scobrith, lequel ayant trouvé propre à son dessein, il l’accommoda en peu de jours, se servant d’une petite caverne qui étoit auprès, pour se loger. Il n’eût gueres demeuré en ce lieu, que la renommée de sa grande Sainteté ne s’épendit par tout le Pais circonvoisin, de sorte que, de toutes parts, on le venoit visiter en son Hermitage, lequel étant petit & étroit, il fut commandé de son Abbé de le rebâtir plus ample & (1) M. de la Borderie pense qu’il naquit plutôt au i« siècle. Sa vie latiue publiée par les Bollandistes ne marque pas l’époque où il vécut. A.-M. T.
(2) De ceux qui ont traité des évesques de Nantes, Claude Robert seul parle de cet Amiot si faut-il luy donner rang en ce lieu, pour les raisons que nous deduirons en nostre catalogue desdits évêques cy-dessous. A. (3) C’est le lieu 0C1 est, à présent, la Paroisse do saint Viau en Raix. A.