Page:Le Grand Albert - La Vie des Saints.djvu/619

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LA VIE DE S. WINOKH.

reconnues, ces saintes reliques ont été déposées en 1823 dans des reliquaires très précieux ; la tête est enfermée dans un grand buste d’argent ; les autres ossements dans une châsse très riche, acquise au moyen des aumônes des fidèles de Bergues, aumônes qui atteignirent le chiffre de 18 000 francs ; c’est assez dire de quels honneurs cette ville honore son protecteur. Depuis quelques années déjà le vénérable archiprêtre M. Staelen curé-doyen de Bergues avait conçu la pensée de célébrer magnifiquement le millénaire de l’arrivée des reliques de saint Winoch dans la vieille cité ; secondé par Je zèle et l’intelligence de ses vicaires MM. Nuns et Vanuxem, il a eu la joie de réaliser ce projet qui a dépassé toute imagination. Le dimanche et le lundi de la Pentecôte (3 et 4 juin), près de la vieille abbaye sécularisée, la messe est célébrée sur un autel gothique, véritable monument par l’élégance de son architecture autant que par ses proportions il y a là Mgr Sonnois, archevêque de Cambrai, Mgr Monnier, évêque de Lydda, Mgr Williez, évêque d’Arras, Mgr Meunier, évêque d’Evreux, Mgr Dubillard, évêque de Quimper, Mgr Ferrand, évêque de Barbalis, Mgr Livinhac, évêque de Pacando, Mgr l’Evêque d’Erzeroum (Asie-Mineure).

Mais c’est la procession ou cortège historique qui donne à la fête flamande son caractère unique ; la marche est ouverte par un groupe de cavaliers sonnant de la trompette, puis la ville de Bergues gracieusement personnifiée, est entourée des comtes des seigneuries voisines. Viennent ensuite des chars où des groupes formés avec un art exquis reproduisant l’histoire de saint Winoch, le départ de Bretagne, l’arrivée à Sithieu avec ses jeunes compagnons, puis c’est une magnifique barque qui le transporte aux rivages de la Morinie, près du comte Hérémare seigneur de Wormhout c’est le miracle de la Colme, quand saint Winoch ressuscite et rend à sa mère un petit enfant qui s’est noyé dans le fleuve. et après cela c’est la marche triomphale des saints qui appartiennent à l’histoire de Bergues, en particulier l’intrépide saint Thomas Becket chancelier d’Angleterre et archevêque de Cantorbéry ; c’est le gracieux monument où dans un groupe virginal apparaît Notre-Dame à la Rosée ; à la suite de ces souvenirs d’un grand passé religieux, les souvenirs de l’histoire profane entrées de souverains dans la vieille ville successivement flamande, espagnole, française, tout cela rendu avec une vérité historique résultat des plus consciencieuses études c’est ainsi que l’on voit défiler avec leurs brillants cortèges la reine Mathilde ; Jeanne de Flandre ; Édouard III d’Angleterre, sa femme et sa fille Isabelle ; Charles-Quint Louis XIV avec ses gentilshommes et ses mousquetaires ; Louis XV avec ses seigneurs et ses gardes-françaises.

Plus de quinze cents figurants prenaient rang dans cet interminable cortège dont le défilé a duré quatre heures. À la suite des religieuses et des religieux enseignants et de leurs élèves, des délégations des paroisses voisines, viennent le Recteur et les Professeurs de l’Université catholique de Lille en grand costume ; des étudiants portent les bannières de Flandre et de Bretagne (1), un clergé immense, enfin sur un char d’une élégance et d’une richesse incomparable s’avance Monseigneur saint Winoch ; devant son buste d’argent et la châsse qui contient ses reliques, tous les fronts s’inclinent ils s’inclinent aussi sous la main bénissante des évêques ce qui vient de passer restera dans le souvenir des innombrables témoins comme l’image d’une merveilleuse apparition. L’organisateur de cette fête inoubliable s’appelle M. Van den Broeck. Nous ne pouvons tout dire, mais il faut bien ajouter que la musique en ce pays de Flandre fut à la hauteur de tout le reste.

La Bretagne devait avoir un écho des fêtes de Bergues. Mgr Dubillard, évêque de Quimper, y avait été chaleureusement acclamé comme représentant du pays de saint Winoch. Avec lui se trouvaient présent aux solennités flamandes, en même temps qu’un ancien vicaire et un paroissien de Plouhinec, M. Stanislas Guéguen, recteur de cette paroisse. Le recteur et l’évêque supplièrent M. l’archiprêtre Staelen et Mgr Sonnois, archevêque de Cambrai, d’accorder à Plouhinec une relique de saint Winoch, et cette prière fut gracieusement accueillie.

(1) La bannière des étudiants bretons a été bénite en cette circonstance par Monseigneur l’Evêque de Quimper.