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LA VIE DE S. MAUDEZ.

avoir donné commencement à la petite province de Bretagne (1), ayant esté le premier fondé l’an 1436. comme nous avons dit cy-dessous en nostre catalogue des Evêques de Dol. Il y a des Reliques de ce Saint en plusieurs Églises de Bretagne, nommément en l’Église Abbatiale de Pen-Pont, Ordre de S. Augustin, au Diocese de Saint-Malo, où il en a esté donné notable portion, ensemble avec celles des corps des saints Brieuc, Gobrien, Magloire & Wennolé.

Cette Vie a esté par nous recueillie des vieux Bréviaires de Léon qui en font Office de neuf Leçons ; celuy d’Orléans double ; celuy de Bourges, aussi double, avec Octaves solemnelles Benoist Gononas, és vies des Pères d’Occident, les vieux Legendaires MSS. de Léon & Tréguer.

ANNOTATIONS.

ADDITIONS À LA VIE DE SAINT MAUDEZ (A.-M. T.).

APRES les anciennes Vies du bienheureux prince irlandais, il n’y a nullement lieu de tenir compte de ce que dit notre Albert Le Grand quand il montre saint Maudez entrant comme écolier au monastère à l’âge de sept ans, y séjournant six ans, puis venant à la cour de son père pour y vivre en jeune clerc séculier, et après quelques années se vouant à la vie monastique. Il est à croire qu’une fois entré dans l’abbaye témoin de ses débuts, il y séjourna jusqu’à son départ de l’Irlande pour l’Armorique. A l’âge de vingt-cinq ans il fut promu au sacerdoce, et peu après à la dignité abbatiale, mais il ne l’exerça pas bien longtemps dans sa patrie, car la peste le contraignit à l’émigration. D’après une ancienne Vie (manuscrit 330 de la bibliothèque d’Orléans) le fléau lui aurait même enlevé son père, sa mère et tous ses frères et sœurs le Propre de Léon dit en outre que le trône fut offert à saint Maudez, à la condition qu’il épouserait une princesse de sang royal, comme lui ; le peuple en foule le sommait d’accepter ; le saint pria toute la nuit, demandant à Dieu de ne point le condamner à retourner dans le monde au matin il était couvert d’une lèpre qui faisait de lui un objet d’horreur à cette vue la jeune princesse renonce à réclamer sa main, le peuple rêve d’un autre roi ; saint Maudez remercie la souveraine sagesse qui dispose tout à son gré, et la nuit suivante il est guéri. Après cette seconde faveur obtenue il s’embarque sur un bateau que lui fournissent les religieux de son monastère. Avec deux compagnons de voyage, saint Tudy, si cher à la Cornouaille, et saint Botmael il vint aborder dans la petite Bretagne, en un endroit que le manuscrit d’Orléans appelle Portus Benedictus PoRZ-BiNiGET. Il se fixa d’abord non loin de là à LESVANALEC, Curia Miriteci ; et tout près du Port-béni se trouve une vieille gentilhommière qui a gardé le nom du saint Ker-Moda. Puisque nous avons déterminé le lieu où saint Maudez débarqua en Armorique fixons aussi l’époque de cet événement il eut lieu sous le règne de Childebert.

Ce qui vient d’être dit est surtout emprunté à une étude de M. l’abbé Y.-M. Lucas (aujourd’hui recteur de Saint-Michel-en-Grève) sur le culte de saint Maudez et de saint Rion, extrait de la Revue historique de l’Ouest. Je recourrai au même ouvrage pour ce qui va suivre.

RELIQUES DE SAINT MAUDEZ (A.-M. T.).

EN 878 elles sont transportées à Bourges.

En 1202 Alain comte de Goëllo donne aux chanoines réguliers de saint Norbert (Prémontrés) l’abbaye de Beauport, et à leur église dédiée à Notre-Dame il octroie le chef de saint Maudez qu’il avait obtenu de l’église de Bourges (dom Lobinean). Jean Boschier


(1) C’est-à-dire la a province o franciscaine ; on sait que les ordres religieux anciens appellent généralement de ce nom une contrée où leurs différents monastères sont soumis à un visiteur appelé provincial. A.-M. T.