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LA VIE DE S. TUGDUVAL.

ANNOTATIONS.

MISSION PARTICULIÈRE DE SAINT TUGDUAL (A.-M. T.).

ousque saint Tugdual eut bien assis son monastère de Lann-Pabu (1) et en eut fait confirmer l’érection par Deroch « il conçut le projet de parcourir tout le territoire sur lequel depuis dix à quinze ans, s’était répandue l’émigration domnonéenne, pour en étudier la situation

religieuse, y propager de plus en plus l’institut monastique et surtout pour y répandre, là où elle n’avait pas encore pénétré, la lumière de l’Évangile. » Son disciple, son ami, son premier historien, saint Louénan (2), après avoir parlé de Lann-Pabu ajoute « Ensuite Tudual vint dans le pays du Château fPagus Castelli, en breton Pou CastelJ et il y reçut en don beaucoup de paroisses. Ensuite il vint dans le pays de la Cité fPagus Civitatis, en breton Pou Caer, Poherf et il y reçut en don beaucoup de paroisses, il en fonda plusieurs autres ; et là il fonda aussi le grand monastère appelé le Val Trechor. Il visita successivement les pays de Gnoelou (Goëlo). de Penteur (Penthièvre), un second pays appelé Daoudour (ou Poudour), un dernier dit Racter (Ratel) et dans chacun de ces pays il reçut en don beaucoup de paroisses. »

M. de la Borderie ajoute « Ces sept pagi, ces sept cantons ou districts, c’est le champ où s’exerça la mission de Tudual, vaste champ puisqu’il embrasse, sauf le Léon, toute la Domnonée dont Tudual est essentiellement le saint, l’apôtre. Organisateur religieux de la Domnonée c’est là son caractère, sa mission propre, mission qu’il tient de son zèle et dans laquelle il fut aussi confirmé par le chef de ce nouveau royaume breton, son cousin Deroch. Ces nombreuses paroisses reçues en don étaient pour la plupart des plous fondés récemment par la grande émigration, où le service religieux n’était pas encore organisé et dans lesquels, avec les dons en argent et en terres qu’on lui faisait, il bâtissait des églises, de petits monastères, et installait quelques-uns de ses moines pour entretenir le culte et subvenir aux besoins spirituels de la population. » Hist. de Bret. Tom. I. p. 358.

POURQUOI CONOMOR PERSÉCUTA SAINT TUGDUAL (A.-M. T.).

eroch mort vers 535 avait eu pour successeur son fils Iona ; vers 540 ce prince mourut lui-même, victime d’un accident de chasse ; mais, à tort ou à raison, la rumeur publique en cette circonstance fit peser des soupçons sur Conomor. Iona laissait un fils de cinq ou

six ans à peine, Judual. Conomor épousa la mère de cet enfant, la veuve d’Iona celle-ci, oyant que son second mari brûlait du désir d’exercer le pouvoir suprême dans toute la Domnonée, craignit pour la vie de son fils, et avec l’aide de saint Lunaire (Léonor) elle le cacha, puis lui fit prendre la fuite. Judual fut accueilli à la cour de Childebert, roi de Paris (3). Par la fuite même de ce jeune prince saint Tugdual devenait le chef de la famille royale de Rrnal le seul membre de la dynastie resté en Domnonée. « En face de la vénération universelle, de la popularité dont ce saint était comblé, Conomor n’osa pas tenter contre lui une violence directe ; il chargea un de ses pires affidés appelé Ruz, c’est-à-dire Le Rouge, de faire en quelque sorte le siège de l’abbé du Val-Trecor, et le brigand s’acquitta de sa tâche en conscience, faisant subir à l’abbé et aux moines le plus d’ennuis et de vexations possibles. Alors saint Tugdual quitta le Val-Trecor et alla au loin visiter ses monastères dans la région méridionale de la Domnonée, puis il traversa l’immense forêt de Brecilien et à peu de distance de Vannes il fit la rencontre de l’illustre gallo-romain Albinus (1) Là où est aujourd’hui l’église de Trébabu.

(2) C’est le même qu’Albert Le Grand appelle Loevan (appelé aussi Laouejian et Lavan) il est le vrai patron de Treflaouénan, en Léon il a des chapelles à Plounévez-Moedec et à Ploulec’h-Tréguier.

(3) Voir la Vie de saint Pol Aurélion, 12 mars. Par. IX, page 101.