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Patern fut vite assimilé, dans la dévotion populaire, aux vrais évêques bretons. Celui-ci était honoré, non dans l’église où il avait siégé, mais dans celle qui portait son nom les six autres étaient "honorés chacun dans sa cathédrale.

Dom Lobineau dit avoir vu au prieuré de Saint Georges, de Dinan, « des vestiges d’un chemin pavé destiné tout exprez, appelé pour cela le Chemin des sept Saints. » Il ajoute :« On voit encore dans l’Église de Quimper, au costé méridional de la porte du chœur, un ancien autel dédié aux sept saints, ou ces sept évesques sont dépeints avec leurs attributs tirés de leurs principaux miracles, et leurs noms au bas. »

Cet autel a disparu, mais la petite niche qui le surmontait existe toujours à l’entrée du chœur, au dessous de la statue de saint Corentin ; c’est là qu’on exposait aux époques de ces grands pèlerinages la relique du saint patron. Les pèlerinages des Sept Saints, appelé aussi Tro Breiz, se renouvelait, à la fin du XIVe siècle (du moins dans l’Evêché de Vannes), quatre fois par an à Pâques, à la Pentecôte, à la fête de saint Michel, et à Noël ; c’est ce qu’on appelait les quatre temporaux ; la durée de chacun était d’un mois (quinze jours avant, et quinze après chacune des quatre fêtes).

Malgré les dangers du voyage, l’affluence des pélerins était considérable il a été possible d’évaluer à trente cinq mille environ le nombre des personnes qui visitèrent pendant une année à la fin du XIVe siècle, l’église de saint Patern à Vannes. Le montant de leurs oblations s’éleva à une somme représentant huit à neuf mille francs de notre monnaie.

Ce pèlerinage se faisait à pied, en suivant une voie romaine qui, partant de Vannes, se rend à Quimper en passant par Hennebont, la Chapelle Saint-Pierre en Rédéné, Quimperlé, Mellac, Le Trévoux, Bannalec, la Trinité en Melgven, Locmaria-an-Hent en Saint-Yvi, et Saint-Anne de Guélen en Ergué-Armel. Tout près du bourg de Locmaria-an-Hent, était une fontaine appelée encore, au XVIe siècle, Fontaine des sept Saints, qui était au moyen-âge très fréquentée par les pèlerins, et dont, pour ce motif, le prieur de Locamand, à qui elle appartenait, tirait un certain revenu. Après avoir visité les reliques de saint Corentin, les pèlerins devaient se rendre, par la route de Pleyben et de Morlaix, à Saint-Pol de Léon, d’où ils gagnaient successivement Tréguier, Saint-Brieuc, Saint-Malo et Dol, en suivant la voie romaine la plus voisine du littoral. Il existe, où il a existé, à peu de distance de ce parcours, des chapelles ou des fontaines qui ont conservé le vocable des sept saints Coetmaloën, Erquy, Plédran, Plouaret, Yffiniac, Maroué, Bulat.

En 1410, le duc de Bretagne, Jean V, étant malade de la rougeole, à Rennes, fit vœu de faire le voyage des Sept Saints.

Dans la première moitié du XVIe siècle la coutume de ce pèlerinage n’avait pas disparu, mais les anciennes traditions étaient bien altérées ; par son testament daté du 11 avril 1518, Nicolas Coatanlem s’engageait à faire porter un écu (s’il ne pouvait l’aller porter lui-même) « Aux sept saincts de la Bretagne, sçavoir à monsr sainct Pierre de Nantes, à monsr sainct Paul, à monsr sainct Tudgoal, à monsr sainct Guillaume, à monsr sainct Brieuc à Saint-Brieuc, à monsr sainct Sampson, à monsr sainct Malo. »

Donc, dans l’itinéraire, Nantes est substitué à Quimper ou à Vannes, et l’apôtre saint Pierre à saint Corentin ou à saint Patern la ville de Saint-Brieuc a deux stations, l’une en mémoire de son patron, l’autre en l’honneur de saint Guillaume. Dans cette voie de l’oubli des vieilles traditions on marche vite ; à Brest, dans la vieille église des Sept Saints, les sept fils de sainte Félicité furent substitués aux saints évêques qui ont fait notre Bretagne on peut voir encore dans l’église Saint-Louis un tableau qui représente le martyre de ces saints jeunes gens. A Locmaria-an-Hent, un bas relief fort laid représente également sainte Félicité entourée de ses sept enfants ; cette œuvra baroque est du XVIIIe siècle.

Nos sept saints sont représentés dans une belle plaque d’émail sur lave à la cathédrale de Quimper (retable de l’autel dans la chapelle absidale) dans les verrières si consciencieusement étudiées de Plounéour-Trez, et dans les remarquables vitraux de la chapelle du Grand-Séminaire.