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3° Montreuil-sur-Mer (aux confins de la Flandre et de la Picardie), reçut avec le corps de saint Conogan, une partie notable du corps de saint Corentin.

4° Au commencement du Xe siècle (910-920), les Normands gagnant toujours du terrain, Salvator, évêque d’Aleth, et Junanus, abbé de Léhon, emportant les corps saints dont ils avaient la garde, allèrent jusqu’à Paris où ils déposèrent les reliques des saints bretons dans l’église de Saint-Barthélemy, d’où une partie peu notable des ossements de saint Corentin fut apportée à Corbeil.

5° Plus tard, l’abbaye de Marmoutiers reçut de Paris la plus grande partie des reliques de saint Corentin, et en particulier son chef, mais il en demeura une partie encore fort importante dans la ville royale.

6° C’est là, dans l’église Saint-Magloire, qu’au XIIe siècle Philippe-Auguste en obtint une part pour un monastère de religieuses qu’il fondait alors près de Mantes, au diocèse de Chartres, monastère qui prit le nom d’Abbaye de Saint-Corentin. Une autre partie fut donnée au célèbre monastère de Saint-Victor (de Paris), mais beaucoup plus tard, à l’époque des guerres de religion.

7° Les reliques qui étaient demeurées au trésor de Saint-Magloire (de Paris) arrivèrent en la possession de l’Oratoire (du cardinal de Bérule). Elles appartiennent maintenant à l’église de Saint-Jacques du Haut-Pas et nous aurons à y revenir.

Voilà donc bien des églises en possession des reliques de saint Corentin, mais sa cathédrale et son diocèse ne possédaient même plus une parcelle de ses os. Plusieurs fois, paraît-il, les moines de Marmoutiers avaient été instamment priés de rendre à la Cornouaille quelques fragments du corps de son premier évêque, mais ces démarches étaient restées sans succès.

LE BRAS DE SAINT CORENTIN À QUIMPER.

Enfin en 1619 Guillaume Le Prestre de Lézonnet évêque de Quimper adresse une nouvelle demande ; il le fait par écrit.

Le 10 mai 1623 se trouvant à Tours il réclame de vive voix, et Jacques Dhuisseau grand prieur de Marmoutiers, de l’avis du chapitre de ses moines, accueille favorablement les instances de l’évêque auquel il donne Le Bras de Saint Corentin (l’os humerus). Il donne en même temps une relique du même saint à Guillaume Le Gouverneur évêque de Saint-Malo.

Guillaume Le Prestre dépose le Bras de saint Corentin dans son manoir de Kervégan (paroisse de Scaër), le laisse là pendant dix-sept ans, et ne s’en occupe plus que le jour de sa mort. Il lègue alors 1.500 livres pour aider à faire un reliquaire.

Le 16 novembre 1C40 les chanoines Étienne Follart archidiacre de Poher, et Julien Le Texier arrivant de Scaër où ils se sont rendus sur les instances de l’évêque mourant, remettent au trésor de la cathédrale le Bras de saint Corentin dans la petite caisse et avec les actes de donation venus de Marmoutiers.

Depuis deux ans une terrible peste décimait la population de Quimper ; le fléau s’était déclaré après une odieuse profanation de la statue dominant la fontaine de saint Corentin. Le matin du 2 février 1640 un saint prêtre de la Compagnie de Jésus, le P. Pierre Bernard avait en révélation que c’était à saint Corentin qu’il fallait s’adresser pour obtenir la cessation de l’épidémie. Le procureur syndic informé ayant assemblé les bourgeois à la maison commune, le vœu avait été formulé le jour même ; sans retard, la fontaine du saint fut réparée, la statue remplacée, et celle qui avait été mutilée, placée après restauration dans la cour du collège, pour y devenir l’objet de la vénération des écoliers[1]. Cela ne pouvait suffire aux pieux bourgeois de Quimper ils réunirent tout ce qu’ils purent trouver de ressources pour vénérer dignement et placer honorablement la relique tant attendue.

  1. Une grande et belle statue de saint Corentin occupe maintenant la première place dans l’ancienne église du Collège des Jésuites, aujourd’hui chapelle du Lycée de Quimper.