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particulièrement dévot à saint Corentin avait été initié à ce rêve et l’avait traduit dans le plus gracieux des projets. Outre les processions des paroisses énumérées plus haut, nous trouvions encore cette fois à Saint-Corentin de Plomodiern : Châteaulin, Port-Launay, Saint-Ségal, Saint-Coulitz et Cast.

Puisque j’ai uni l’histoire des Trois gouttes de Sang à celle du Bras de Saint Corentin, il me faut dire que Mgr Nouvel en fit la vérification le samedi 27 janvier 1883. En les extrayant de la châsse de saint Ronan, en 1714, l’évêque Hyacinthe de Plœuc n’avait point brisé les sceaux apposés par François de Coëtlogon en 1687 il s’était donc écoulé 203 ans depuis le dernier examen de la relique.

J’ai assisté à cette vérification : les nappes, en parfait état de conservation, sont d’une belle toile, et ornées de barres bleues d’une jolie nuance ; aux extrémités, de longues franges font corps avec le tissu. On y voit des trous qui doivent correspondre aux coupures des parties imprégnées de sang, car celles-ci ont été mises à part, comme je l’ai dit. Le mercredi suivant, 31 janvier, Mgr Nouvel consacra l’autel des Trois gouttes de Sang. La chapelle où il se trouve est ornée d’une belle verrière moderne où le miracle est représenté d’une manière très frappante. Le dimanche 17 décembre, amende honorable pour le centenaire de la profanation de la cathédrale en 1793.

Le dimanche 15 décembre 1895, la fête de saint Corentin est célébrée comme en 1886 par une procession magnifique qui suit le même itinéraire. C’était le centenaire de la rentrée du Bras de saint Corentin à la Cathédrale, et la dévotion populaire se manifesta comme elle l’avait fait sept ans auparavant. Ces deux cérémonies furent célébrées sur l’initiative de M. J.-C. Coat, curé-archiprêtre.

MONUMENTS DE SAINT CORENTIN (A.-M. T.).


Saint CORENTIN construisit la première Cathédrale de Quimper sur l’emplacement que lui avait donné le roi Grallon, et le Père Maunoir dit qu’il y travailla de ses mains. Il la dédia à Notre-Dame. Avant la Cathédrale actuelle, une autre (d’après M. Trévédy), plusieurs (d’après M. Le Men) furent successivement bâties.

La chapelle absidale est actuellement la partie la plus ancienne de la Cathédrale ; construite au XIe siècle en exécution d’un vœu à la suite d’une victoire remportée par le comte de Cornouaille, Alain Canihart, elle fut modifiée dans le XIIIe siècle, et rattachée à la nouvelle Cathédrale, jusque-là elle formait un édifice à part.

Saint Corentin n’avait point tardé à être patron de l’église de Quimper, de concert avec Notre-Dame. La plus belle, la plus harmonieuse, la plus richement ornée des cathédrales de Bretagne fut commencée en 1239 par l’évêque Rainaud, auquel on doit le chœur les bas côtés qui l’entourent furent élevés par Yves Cabellic (1280), et Allain Gonthier (1335), Gatien de Monceaux construit les voûtes du chœur (1408-1416), Bertrand de Rosmadec les fait peindre (1417), orne les fenêtres de vitraux peints et entreprend la construction de la nef ; en outre, il dote son église d’un splendide mobilier. La nef est terminée en 1460 sous l’épiscopat de Jean de Lespervez qui consacre une grande partie de ses biens à l’achèvement de l’édifice ; en 1469 il fait construire le clocher central en charpente recouverte de plomb (qui fut incendié en 1620). Thibaud de Rieux (1475), Alain Le Maout (1487-1493), élevèrent le transept et ses voûtes Raoul Le Moél (1494) fit faire les meneaux et les verrières des fenêtres de la nef, les balustres, les galeries, les pinacles.

Mgr Graveran (1854), au moyen du sou de saint Corentin donné par chacun des diocésains pendant cinq ans, commence les flèches de la Cathédrale sur les plans de M. Joseph Bigot. Mgr Sergent voit les flèches terminées et débarrassées de leurs échafaudages (1856). Son épiscopat est la période de transformation pour la Cathédrale 1857-1859, reconstruction de la sacristie 1860, galeries de la nef 1862-1867 débadigeonnage, œuvre délicate remarquablement