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LA VIE DE S. RENÉ.

Et d’autant que l’on a soûhaité de voir tous ces Traitez imprimez en grand Volume tous ensemble, avec ceux qui n’estoient encore à imprimer, c’est ce que l’on a fait pour la satisfaction du public ce qui soit à la plus grande Gloire de Dieu, & de toute la Cour Celeste. Amen.

Ce grand contemplatif breton, qui ne le cède en rien aux célèbres mystiques du Carmel espagnol, est loin d’être connu comme il conviendrait dans son propre pays.

Son chef est conservé dans le nouveau couvent des Carmes de Rennes.

LA VIE DE SAINT RENÉ,

Evesque d’Angers. Le 12. Novembre.

ANS le terroir & Evesché d’Angers, il y a-une Paroisse nommée Calonne, qui a eu l’honneur d’estre éclairée de deux grands Saints, à l’un desquels elle a donné naissance, & a esté arrousée des larmes & des sueurs de l’autre. Il y avoit dans ce lieu une pieuse Dame mariée au Seigneur du Chasteau de la

Poissonniere, qui passoit sa vie avec tristesse & ennuy, attendu que Dieu qui donne & oste les enfans, quand & à qui il luy plaist, n’avoit beny son mariage d’aucune lignée elle se voyait sterile & connoissoit qu’il n’y avoit que le Ciel de qui elle pûst recevoir consolation en ce rencontre. Pour lors S. Maurille conduisoit ce Peuple, & ayant fait bastir l’Église de Calonne, il la gouvernoit en qualité de Recteur ; cette Noble femme connoissant le pouvoir que ce S. Recteur avoit auprès de Dieu, & sçachant que s’il vouloit estre son intercesseur vers le Ciel elle verroit ses désirs accomplis, & ses vœux exaucez, elle eut recours aux prieres du Saint qui ne furent point vaines, car incontinent elle se trouva grosse d’un enfant, lequel estant venu au monde donna un contentement à ses parens, d’autant plus grand qu’il estoit désiré de long-temps cét enfant fut le Saint dont nous descrivons la vie, & qui fut nommé René pour la raison que nous dirons cy-après ; cette joye que les Parens goustoient à longs traits, se passe vistement, & la douceur de leurs consolations se trouve suivie d’une tristesse bien sensible car l’enfant que Dieu leur avoit donné, & qu’on pouvoit à bon droit nommer Enfant de prieres & de larmes, se trouva saisi d’une maladie qui ne menaçoit de rien moins que de le priver de la vie ; cette pauvre Mere bien affligée ne pût faire autre chose que de le prendre entre ses bras s’acheminant vers Angers pour le porter à S. Maurille, qui pour lors estoit Evesque de cette Ville, afin de le prier qu’il luy conferât le Sacrement de Confirmation (quelques uns disent le Baptême), c’estoit un jour de Feste solemnelle & comme elle fut arrivée elle trouva le S. Evesque à l’Autel qui celebroit la Messe, pendant qu’il parachevoit le S. Sacrifice l’enfant mourut.

Il. Que si cette mort fit une Mere éplorée, elle jetta aussi des regrets si sensibles dans le cœur de Maurille, que n’en pouvant supporter la pesanteur, il se résolut de s’enfuir afin de s’imposer une rude penitence d’une faute qu’il n’avoit pas commise.