LA VIE DU VJBNER. PERE PIERRE QUINTIN.
trente-huit jours après sa mort que s’il eût esté encore en parfaite santé. On peut voir d’autres Merveilles de sa Vie & de sa Mort dans le Livre qui en a esté composé par le Pere Dominique, Carme, qui est assez connu pour estre ordinairement entre les mains des personnes de vertu.
Il y a peu d’années, M. le, vicomte Hippolyte Le Gouvello, arrière-neveu du Vénérable Pierre de Quériolet a écrit une nouvelle Vie de ce saint pénitent. C’est un livre bien fait et d’une lecture attrayante.
L’auteur de la Vie qu’on vient de lire a omis de dire que Pierre de Quériolet, qui avait demandé à être enterré dans la chapelle de Sainte-Anne d’Auray, fut inhumé au pied du maîtreautel. Lorsque l’ancienne chapelle a été démolie pour faire place à la belle église érigée par la dévotion des Bretons, deux petites chapelles placées au bas de l’édifice furent destinées à recevoir les restes des deux grands serviteurs de sainte Anne Yves Nicolazic repose désormais dans la chapelle de Saint-Yves, et Pierre de Quériolet dans celle de Saint-Pierre. Ces deux saints personnages sont représentés agenouillés devant leur Bonne Maîtresse dans un gracieux tableau qui orne la chapelle de la statue miraculeuse ; à la sacristie se trouvent leurs portraits anciens, et au trésor de la Basilique on peut toujours voir le masque en cire, avec une partie de la soutane et une partie du chapeau du saint pénitent. A.-M. T.
LA VIE EXEMPLAIRE ET APOSTOLIQUE
DU VENERABLE PERE PIERRE QUINTIN,
De l’Ordre des Freres Prescheurs, decedé en opinion de sainteté au Convent de S. Dominique de Vitré, au mois de Juin, l’an de grâce, 1629.
E Venerable Pere Pierre Quintin vint au monde l’an de grâce mil cinq cens soixante-neuf dans la maison noble de Kerosar, située en la Paroisse de Ploujan, Diocese de Trégner ; ses parents estoient considerables pour leur Noblesse, mais bien plus pour leur vertu. Son père se nommoit Allain
Quintin, Seigneur de Kerofar, & de Leinbahu & sa mère Perrine de Kermerhou, alliée de long-temps à la pluspart des meilleures maisons du pays. Sa naissance fut prévenue d’un accident, qu’on peut estimer un présage de sa sainteté future, & du choix particulier que Dieu en avoit fait pour sa gloire. Sa mère estant grosse de luy se trouva un jour surprise en peril evident de sa vie, & de son fruit, si Dieu ne l’en eust préservée car estant allée pour voir des laboureurs qui travailloient dans un champ proche de sa maison, comme elle s’en retournoit, elle fut vivement poursuivie par une couleuvre, d’une grandeur extraordinaire, ce qui l’obligea de courir toute tremblante vers le logis, où ce serpent la poursuivit opiniâtrement, traversa la cour, la salle, & la cuisine, la talonnant de si prés, qu’elle fut contrainte par un effort dangereux de monter sur une