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LA VIE DE S. JAOUA.

M. S. S. de Bre/~ne ;.A~aM JBoHC/Mr~ en ses Arznales de Bretagne, Liv. 3, pag. <M le Sr. d’A~c/t-rc, ett soh J~/s/o/7’e le R. P. Du Pas, en soK 77/s-o/7’e Gc/tCH~o-ff/He des Afa-H/s cf’.E’.spfnny, ~f~. 367, et en ses aditions, pag. ~27 ; André <fH Vul, r~/)poWc par ~-Mr< c-t ses aditions à la Legende de Ribadeneira ; Uvion, Liv. 2, Clzap. 37.

LA VIE DE S. JAOUA,

Evesque de Léon, le deuxiéme jour de Mafs.

AINT JAOUA ou JoviN fut Hybernois de nation, Oncle du Prince Tinidorus, père de S. Tenenan sa mère estoit propre Sœur de S. Paul Aurelian, premier Evesque de Léon, à l’école duquel la bonne Dame envoya son fils Jaoua, en l’isie de Bretagne, où il employa si bien le temps, que, dans peu d’années, il

devint parfait Philosophe & bon Theologien. Son cours achevé, il fut rappellé par ses Parens au Païs à quoy obéissant, il prit congé de S. Paul son Oncle, & se rendit chez son Pere, lequel, le voyant si sage & bien appris, se mit en devoir de luy trouver party & le marier avantageusement ; il le vétit somptueusement, luy donnant train & suite, & luy faisant hanter les compagnies pour s’avancer & se faire voir mais le saint jeune homme, prévenu de l’Amour de Dieu, avoit à contre cœur ces vanitez, &, encore bien que, pour ne contrister ses parens, il fit du mondain & jovial, si est-ce qu’en son Ame il fit résolution de quitter tout & suivre Jésus-Christ, embrassant l’estat de Religion. II. Sur ces entrefaites, il receut lettres de la grande Bretagne, que son oncle S. Paul, & douze bons Prestres avoient passé la Mer, estoient allez demeurer en la Bretagne Armorique & avoient pris terre en l’Isle d’Ouëssant il se résolut aussi-tost de se transporter vers luy & quitter son pais & ses parens il fait équipper un vaisseau au Havre prochain, &, un matin, feignant de s’aller pourmener, sort avec deux de ses serviteurs, s’embarque & fait voile vers Ouëssant mais, si-tost qu’ils l’eurent découverte, s’éleva un furieux vent d’Estnordest, qui les jetta hors Ouëssant, si loin de leur route, qu’ils ne sçavoient où ils estoient ; mais, ce vent calmé, ils approchèrent de terre & furent jettez à travers le Golfe de Brest jusques dans la riviere du jFaoH, où ils mirent pied à terre &, entrans dans le bourg, fir ent rencontre de S. Judulus, Abbé de Z.a/td-yeue/ !ec, lequel les salua humainement, &, ayant sceu qui ils estoient & pour quelle fin ils estoient venus, les fit rentrer dans leur vaisseau, y monta luy-mesme & les mena à son Abbaye, où S. Jaoua, ayant demeuré quelque temps, congédia ses serviteurs, demanda l’habit de Religion & fut vestu par S. Judulus.

III. Ayant parcouru le temps de sa probation, il alla en Léon trouver son Oncle S. Paul, lequel fut fort joyeux de le voir sous ce saint habit, le retint, quelques années, prés de soy & luy confera tous les Ordres successivement, &, estant Prestre, le renvoya chanter sa Messe en son Monastère de Land-Tevenec. Son Abbé S. Judulus, ayant à pourvoir de Recteur à la Paroisse de Brasparz, nomma S. Jaoua à cette Église, lequel l’accepta par obedience & s’y habitua ; il y trouva beaucoup de difficultez, à raison que les Paroissiens, mal-instruits & peu catechisez, se rendoient difficiles à gouv erner si est ce qu’il se rendit si infatigable à les prescher & exhorter, reprenant leurs vices avec telle ardeur & zèle, que, peu à peu, il les reduisit, les uns par beau, les autres par