Page:Le Grand Meaulnes.djvu/319

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Et puis soudain, brusquement, brutalement, tristement :

— Enfin, qu’est-ce que vous voulez ? Est-ce que vous m’aimez, vous aussi ? Vous aussi, vous allez me demander ma main ?…

J’ai balbutié. Je ne sais pas ce que j’ai répondu. Peut-être ai-je dit : « oui ».


Cette espèce de journal s’interrompait là. Commençaient alors des brouillons de lettres illisibles, informes, raturés. Précaires fiançailles !… La jeune fille, sur la prière de Meaulnes, avait abandonné son métier. Lui s’était occupé des préparatifs du mariage. Mais sans cesse repris par le désir de chercher encore, de partir encore sur la trace de son amour perdu, il avait dû, sans doute, plusieurs fois disparaître ; et, dans ces lettres, avec un embarras tragique, il cherchait à se justifier devant Valentine.