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Page:Le Grand Meaulnes.djvu/337

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et demie, devant la maison, sous un petit hangar adossé au mur qui séparait le jardin anglais des Sablonnières du jardin potager de la ferme. J’étais occupé à démêler mes filets que j’avais jetés en tas, le jeudi d’avant.

Il ne faisait pas jour tout à fait ; c’était le crépuscule d’un beau matin de septembre ; et le hangar où je démêlais à la hâte mes engins se trouvait à demi plongé dans la nuit.

J’étais là silencieux et affairé lorsque soudain j’entendis la grille s’ouvrir, un pas crier sur le gravier.

— Oh ! oh ! me dis-je, voici mes gens plus tôt que je n’aurais cru. Et moi qui ne suis pas prêt !…

Mais l’homme qui entrait dans la cour m’était inconnu. C’était, autant que je pus distinguer, un grand gaillard barbu habillé comme un chasseur ou un braconnier. Au lieu de venir me trouver là où les autres savaient que j’étais toujours, à l’heure de nos rendez-vous, il gagna directement la porte d’entrée.

— Bon ! pensai-je ; c’est quelqu’un de leurs amis qu’ils auront convié sans me le dire et ils l’auront envoyé en éclaireur.

L’homme fit jouer doucement, sans bruit, le loquet de la porte. Mais je l’avais refermée, aussitôt sorti. Il fit de même à l’entrée de la cuisine. Puis, hésitant un instant, il tourna vers moi, éclairée par le demi-jour, sa figure inquiète. Et c’est alors seulement que je reconnus le grand Meaulnes.