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IX
AVANT-PROPOS

Les petits ruisseaux de Bretagne sont des fossés immenses séparant des peuplades qui se touchent. Il faudrait cent volumes des Rougon-Macquart pour épuiser la série des contrastes et des antithèses.

Il y a autant de différences entre une femme d’Yffiniac et une femme d’Auray qu’entre une Samoïède et une Artésienne. L’une a les attributs du sexe, l’autre en a toutes les grâces.

Mettez un paysan de Plédran à côté d’un paysan de Fouesnant. Question de langue à part, ces deux hommes ne pourront se comprendre. L’un est resté dans la barbarie. L’autre est encore dans l’âge d’or. C’est un primitif candide, doux et ouvert, autant que le premier est dur et fermé.

Il faut parler ici à demi mot. Car il y aurait tant de choses à dire, si franchise nous était octroyée. Mais pensez-vous que « l’état d’âme » ne change pas profondément, suivant les milieux ?

A côté de nos barbares, nous avons nos raffinés.

Vous connaissez « les Julots », ces hidalgos Léonais, dont la vaisselle est riche, et la table opulente. Tous bacheliers, parlant bien deux belles langues, le français et le breton, race vraiment à part, vraiment noble, glorieuse de ses origines et de son originalité.

Eh bien, tout à côté de ces princes, passez sur