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XIV
AVANT-PROPOS

ainsi dire classique de Fouesnant — tant il exprime complètement la beauté virgilienne des choses rustiques, à deux pas des magnificences d’une mer Napo- litaine, — placez-la sur les côtes sauvages de Guissény, ou dans le paysage chaotique de Ploumanarc’h, vous serez faux. C’est bien cela, et Kraszewski avait raison : les êtres et les âmes se pénètrent forcément des influences extérieures.

Cette jolie fille de Fouesnant, dans le milieu où fleurit sa jeune beauté, ne peut pas être autre que nous l’avons vue. Elle est toute à la joie de vivre, et sa belle insouciance, c’est Tair natal qui la lui donne. Les jeunes filles du pays de Trégor sont belles aussi, d’une beauté plus fine, et de lignes parfois très pures. Mais la joliesse ne semble pas faite pour elles. La mélancolie de leur mer plus triste est visible jusque dans leur sourire, et fait passer sur leur jeunesse comme une ombre de sévérité qui leur sied, et qui ajoute peut-être à leurs charmes.

On pourrait en dire autant du caractère de toute cette population d’un pays, qu’on a souvent appelé le Pays triste : l’insouciance du peuple Cornouaillais, ce peuple aux costumes bariolés qui circule, aux jours de fête, dans les vieilles rues de Quimper, contraste évidemment avec la sévérité d’attitude et de costumes