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LA CHANSON DU CIDRE

<poem> Les tripes y les rognons, les divins aloyaux, Voilà nos mets, à nous, Gastronomes royaux !

Or, quand le Ventre agit, quand l’Estomac travaille, Nous leur aidons, avec d’abondante buvaille. Pour faire, au fond du sac, descendre les morceaux, Du cidre à plein gosier, du cidre par ruisseaux !

Donc, il faut boire. Donc nous buvons. C’est affaire De zone, de climat, de degré sur la sphère.

O Bretons, bas-bretons, paillards et ripailleurs, J’y pense et j’en frémis : nous pouvions naître ailleurs ! Oh ! Dieu ! s’il nous fallait vivre loin de la France, Parmi les Esquimaux, ces mangeurs d’huile rance. Ces malheureux, qui n’ont, en guise de boisson, Que l’amer déplaisir de sucer un glaçon. S’il nous fallait, en plein désert, traire aux chamelles Le lait dur et moisi de leurs vieilles mamelles, Et nomades, avec les pasteurs de troupeaux, Humer l’eau qui croupit dans des outres de peaux ! Nous pouvions naître encor sur les bords de la Seine : Là, des gens patentés font le commerce obscène De vendre au pauvre diable un vin sûr et malsain, Où l’on fourre de tout, excepté du raisin.

Non. Dieu, plein de bonté pour la gent buvassière, Fit pour nous une bonne et grasse Nourricière : Il donna donc, un jour, la Bretagne aux Bretons. Bénissons-le. Buvons à sa gloire. Et chantons ! <poem>