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MA PREMIÈRE CONFESSION
(1854)
« Ceci n’est pas un conte. »
’avais six ans passés. Il paraît que c’est l’âge
D’aller se confesser au recteur du village.
Je courus à l’église, avec ma sœur de lait,
Une toute mignonne enfant qui s’appelait
Madeleine[1]. L’espiègle était fort curieuse
De franchir l’antre empli d’ombre mystérieuse.
Où le prêtre attendait. Je me souviens de lui
Comme dhier : c’était le bonhomme Tanguy,
Obèse, énorme, épais, tout à l’ancienne mode,
Très vieux, très radoteur, très bon et très commode,
Le bonhomme était là, dans la boîte aux Oublis,
On voyait vaguement un coin de son surplis,
- ↑ La petite fille, qui s’appelait en réalité Joséphine Gourvest, est
morte peu de mois après, à l’âge de 7 ans. Quant au bon recteur,
qui m’a rappelé bien souvent cette historiette, c’était un condisciple
au collège de Saint-Pol-de-Léon, du fameux ministre Billaut.