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Page:Le Journal des femmes - n° 56 - 1er août 1896 (extrait Réponse à M. Jehan Frollo).djvu/3

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de boire, fermer les cabarets et les mauvais lieux, voilà ce que réclame l’intérêt de l’espèce !

Lisez, Monsieur, dans la Justice du 14 juillet un article signé Désiré Louis, article qui prêche : « La femme au foyer ». Beaucoup d’écrits de ce genre, et les drames comme celui de la rue Denfert-Rochereau ne se compteront plus !

Nous demandons aux vaillants défenseurs de la cause des femmes, aux courageuses revendicatrices et à vous aussi, Monsieur, qui déplorez généreusement la situation faite aux travailleuses, d’éclairer les esprits qui se laissent circonvenir par cette prétendue pitié pour la femme qui se fatigue, pitié dont on fait étalage à l’aide de mots scientifiques et de statistique fantaisiste. Il faut faire comprendre aux personnes qui s’apitoyent à ces récits qu’elles s’attendrissent à tort ; que les torrents de larmes qu’elles voient verser sur le sort des femmes qui travaillent ne sont que des pleurs de crocodile et qu’en demandant « la femme au foyer » elles demandent « la femme au coin de la rue ».

Ô foyer ! que d’iniquités on commet en ton nom !

Il est de notre devoir de combattre tous les hommes et… toutes les femmes qui, sous un masque d’humanitarisme propagent des théories aussi anti-humanitaires, au contraire, qu’immorales et liberticides.

Comme vous, Monsieur, nous saluons ces deux infortunées victimes d’une société hypocrite et sans équité. Oui, salut à ces âmes désespérées qui trouvant toutes les portes fermées ont frappé à celle du cimetière… et qui, en expirant, ont pu dire comme la « Pauvre Fille » de la poésie de Saumet :

La seule, devant moi, qui ne se ferme pas !

Camille Bélilon.