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Page:Le Journal des sçavans - 1721.djvu/418

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tions communes donc il s’agit, ont le malheur d’être attaqués de la peste, ne peuvent guerir que par un traitement conduit & reglé suivant les causes évidentes, & non suivant la cause primitive & invisible dont le caractere est si caché qu’il est impossible de le connoître ; 4o . Que la peste ne se communique point par contagion, & qu’ainsi on ne doit point éviter les pestiferés. On employe plusieurs moyens pour appuyer cette Proposition : Les inflammations gangreneuses qui, dans les fievres malignes se forment sans le secours d’un venin contagieux, & qui sont cependant semblables à celles qu’on remarque dans la peste, si ce n’est que ces dernieres viennent tout d’un coup & dès l’entrée du mal : Le pus des bubons & des charbons de peste ulcerés, lequel passe & repasse dans les vaisseaux du corps, sans reproduire la peste, ni en renouveller aucun accident : & enfin nombre d’enfans qui, après avoir teté pendant des cinq & six jours leurs meres pestiferées, & les avoir tetées même lorsqu’elles agonisoient, n’ont reçu aucune atteinte de peste, & ont joüi d’une parfaite santé, sont les preuves qu’on apporte pour faire voir qu’il n’y a point de contagion à craindre dans la peste.

5o. Que le levain pestilentiel n’est pas venimeux par lui-même, mais uniquement par rapport à la disposition des sujets qu’il attaque ; puisque si c’étoit un veritable venin, il produiroit, dit-on, les mêmes effets dans tous les sujets, de quelque constitution qu’ils fussent, d’où on conclud qu’il ne faut donc pas promener son imagination dans le vague des airs, foüiller avec tant de soin dans les entrailles de la terre, examiner les influences des astres, & monter pour ainsi dire, au-dessus des nuës, pour découvrir la source de cette affreuse mortalité, qui en tems de peste desole les Villes, les Provinces, & les Royaumes.

6o. Qu’il y a une parfaite analogue entre la peste & la petite verole. Et en effet, M. Verny remarque que dans ces deux genres de maux, les accidens & les évenemens sont semblables. Que dans la petite verole épidémique, comme dans la peste, dès qu’on a négligé les premiers mo-