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Page:Le Journal des sçavans - 1721.djvu/420

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& résistant au doigt, ce que je n’avais point remarqué, dit-il, dans ce grand nombre de pestiferés que j’avois vû à Marseille. On observe : que si dans le cours des petites veroles épidémiques, parmi le grand nombre de ceux qui tombent malades, il peut s’en trouver quelqu’un dans le cas de cette maladie sans avoir néanmoins des éruptions apparentes, il ne doit pas être mal aisé de comprendre que quand la peste est une fois bien déclarée, & qu’elle desole toute une Province, il puisse y avoir aussi plusieurs pestiferés qui n’ayent ni bubon, ni charbon, ni autre tache extérieure. A l’égard des effets qu’a produit sur la masse du sang la peste de Marseille, sçavoir si c’étoit coagulation ou dissolution, M. Chicoineau, qui avec les autres Medecins envoyez à Marseille, divise les pestiferés de cette Ville en plusieurs classes, selon les differens symptômes dont ils étoient attaqués, dit que ceux des premieres classes avoient le sang & la lymphe presque toujours dans l’état de coagulation ou d’épaississement, comme il l’a remarqué par les symptômes des malades, & dans l’ouverture des cadavres. Observation d’autant plus importante à faire que l’on ne sçauroit connoître les remèdes propres pour la guérison des pestiferés, que l’on ne connoisse si la maîtresse liqueur est coagulée en eux, ou trop divisée. M. Chicoineau déclare en même tems qu’il ne sçauroit se ranger du parti de ceux qui prétendent que le sang des pestiferés est toujours dans l’état de coagulation, il ajoute qu’en bien des cas leur sang au contraire est dissous & divisé, sur quoi il raporte plusieurs observations, & celle-ci entre autres : que plusieurs pestiférés ont été guéris par le seul secours des humectans, des adoucissans, des astringens & des narcotiques, remedes plus propres à suspendre & à arrêter le cours du sang, qu’à diminuer & à diviser le sang ; en sorte (ajoûte-t-il) que la dissolution du sang a eu souvent autant de part que la coagulation, à la production des accidens pestilentiels. Il étoit important que cette matiere fût bien éclaircie ; mais cela demanderoit une dissertation complette sur les causes de la peste. M. Chicoineau en promet une exacte sur ce sujet, laquelle (dit-il)