Page:Le Koran (traduction de Kazimirski).djvu/540

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ii notice biographique  

tions. Les compagnons du prophète (les Ashab), ses auxiliaires (les Ansar), les sectateurs du prophète qui s’étaient expatriés pour la cause du nouveau culte (les Mouhadjirs), tous ceux qui ont suivi Mahomet (les Tabi’, au pluriel Tabi’in), et ceux qui ont succédé à ces derniers s’étaient fait un devoir de conserver religieusement et de transmettre à leurs descendants les détails souvent les plus insignifiants de la vie de leur apôtre, législateur et chef spirituel et temporel. Ces détails ont passé dans les premiers livres d’histoire composés par les musulmans, et forment jusqu’à ce jour la partie intégrante et indispensable de toute histoire universelle, et à plus forte raison de toute histoire des Arabes. On comprend facilement qu’à la faveur de l’exaltation religieuse, au milieu d’un peuple généralement illettré et isolé du reste du monde, aient dû se glisser des récits douteux et des traditions apocryphes ; que la fiction et le merveilleux entrent pour une certaine part dans l’histoire de la mission de Mahomet, comme dans l’histoire de beaucoup d’autres cultes. Toutefois, l’histoire de la mission de Mahomet se laisse peut-être plus facilement qu’aucune autre religion de l’Orient, dépouiller de cet alliage de fiction et de merveilleux devant lequel un musulman seul croit devoir s’arrêter avec respect. Dépouillée de ce caractère sacré, la naissance comme la propagation de l’islamisme n’en est pas moins un des faits les plus extraordinaires dans les annales l’humanité.

Il ne sera pas inutile de remarquer que la grande presqu’île de l’Arabie n’a pas été de tout temps habitée par un peuple de la même race et de la même langue. Les auteurs arabes distinguent trois races différentes qui se sont succédé en Arabie, et qui toutes ont été appelées arabes. La première race est désignée par le nom d’Arabes el-Ariba, Arabes pur sang, Arabes pour ainsi dire aborigènes ou primitifs ; cette race comprend les peuples éteints ou exterminés longtemps avant Mahomet ; Ce sont les Adites, les Thémoudites, les Amalika ou Amalécites, les peuplades de Tasm et de Djadis, issues d’après les historiens arabes de Sem ou de Cham, fils de Noé. La seconde race est celle des Arabes Moutéarriba (Arabes qui se sont faits Arabes) ; on les regarde comme issus de Kaktan ou de Yaktan, fils d’Heber ; ils se sont d’abord établis dans l’Yémen (Arabie Heureuse), d’où ils se sont répandus dans toutes les parties de l’Arabie, en envoyant des colonies, et tantôt en se mêlant aux tribus primitives, tantôt en se substituant à elles dans la possession exclusive des différentes contrées. Les Himyarites appartiennent à ces Arabes Moutéarriba, ou, comme M. Caussin de Perceval les appelle, Arabes secondaires[1]. La troisième race est celle des Arabes Mousta’riba


  1. Essai sur l’histoire des Arabes, I, p. 7.