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  sur mahomet. iii

(Arabes assimilés aux Arabes) ; ce sont les descendants d’Ismaël, fils d’Abraham ; ils se sont établis dans le Hedjaz (Arabie Déserte), et se sont successivement répandus dans toutes les autres parties de l’Arabie ; ce sont les Arabes tertiaires ou Ismaélites. C’est à cette race qu’appartiennent les Arabes établis depuis un temps immémorial autour de la Mecque, et en particulier la famille des Koreïchites, au sein de laquelle naquit Mahomet. Bien que les Arabes aient de tout temps apporté le plus grand soin à conserver leur généalogie, tous les efforts des historiens arabes ont été infructueux pour établir la descendance directe depuis Ismaël jusqu’à Mahomet, à travers l’espace d’une vingtaine de siècles ; mais on s’accorde généralement sûr sa généalogie jusqu’à Adnan, qui passe pour un descendant d’Ismaël. En comptant trente-trois ans par génération, on arrive à fixer l’époque d’Adnan à environ cent trente ans avant Jésus-Christ, en sorte qu’il ne resterait que quelques noms mentionnés par les historiens pour remplir tout le temps écoulé entre Ismaël, fils d’Abraham, et Adnan, personnage si voisin de notre ère.

Quelque grande que soit cette lacune, rien n’autorise à révoquer en doute la généalogie de Mahomet ; deux considérations semblent plutôt militer en sa faveur. Ce sont d’abord plusieurs passages de la Bible, depuis les livres de Moïse jusqu’aux prophètes[1], qui s’accordent à regarder les Arabes de l’Arabie Déserte (du Hedjaz et de la Mecque) comme des Ismaélites, et ensuite la vénération que les tribus arabes ont conservée pour la mémoire d’Abraham. En effet, selon la tradition antérieure à Mahomet, le fameux temple de la Caaba, but des pèlerinages des Arabes, et beaucoup plus ancien que la ville de la Mecque même, aurait été construit par Abraham pendant son séjour en Arabie ; un endroit dans le clos de ce temple porte jusqu’à ce jour le nom de la station d’Abraham ; et enfin, dans ce même temple devenu une sorte de panthéon des Arabes, on voyait du temps de Mahomet une figure représentant Abraham, jadis fondateur du culte unitaire, placé à côté des divinités arabes ou des saints du christianisme. Fondée ou non, très-ancienne oui très-rapprochée du temps de l’islam, cette filiation de Mahomet joue un rôle important dans sa mission, et elle n’aura pas peu contribué à son succès. Au commencement surtout de son apostolat, lorsqu’il s’agissait de détacher les Arabes du culte des idoles, Mahomet puisait un grand appui pour la religion qu’il prêchait dans l’exemple d’Abraham, et la plaçait pour ainsi dire sous les auspices d’un personnage dont la mémoire était universellement vénérée parmi ses compatriotes.

La ville de la Mecque n’a été construite que dans le cinquième


  1. Genèse, XXXVII ; Juges, VI, VIII ; Isaïe, XXI ; Ézéchiel, XXVII.