Page:Le Koran (traduction de Kazimirski).djvu/543

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  sur mahomet. v

portaient, en échange, des étoffes, des grains et d’autres objets[1].

Kossaï eut quatre fils, Abdeddar, Abdelozza, Abd et Abdmenaf ; nous ne parlerons que de ce dernier, parce qu’il est l’aïeul en ligne directe de Mahomet. Abdmenaf fut également père de quatre fils : Abdchams, Nowfal, Hachim et Mottalib. Hachim, qui se trouva être le plus riche de tous ses frères, et par conséquent le plus capable de subvenir aux besoins des pèlerins et d’administrer les affaires de la Mecque, se trouva revêtu des fonctions les plus importantes de la communauté ; ce fut lui qui établit parmi les Koreïchites l’usage d’envoyer chaque année deux caravanes, l’une en hiver dans l’Yémen, l’autre en été en Syrie ; ce fut encore lui qui le premier distribua aux Koreïchites pauvres une espèce de soupe nommée tharid, composée de bouillon et de pain émietté, et c’est à cause de cela que son nom primitif Amr fut changé en celui de hachim l’émietteur. Le nom de hachimites est appliqué à toute la ligne collatérale ascendante de Mahomet.

Cheïba, fils de Hachim, fut appelé aussi Abdelmottalib, parce qu’il avait été adopté par son oncle Mottallib  ; il succéda à son père à la Mecque dans les charges les plus importantes, celles de sikaïa et de rifada. Sa générosité et la noblesse de sa conduite lui avaient concilié l’estime générale ; mais ces qualités ne lui paraissaient pas compenser aux yeux de ses compatriotes le désavantage de n’avoir qu’un seul fils, car les Arabes comme les Israélites attachaient le plus grand prix a une nombreuse postérité mâle. Ce sentiment était tellement enraciné chez les Arabes, qu’Abdelmottalib eut à essuyer un jour de la part d’un de ses compatriotes des insultes pour n’avoir eu qu’un seul fils. Dans son dépit, il fit serment que si Dieu lui accordait dix enfants mâles, il lui en immolerait un devant la Caaba. Le vœu d’Abdelmottalib fut exaucé. Depuis la naissance de son premier fils (an 528 de J.-C.) jusqu’à l’an 569 de J.-C., il eut douze fils et six filles. Un jour, décidé à remplir son serment, il rassembla les dix plus âgés de ses fils ; et leur fit part du serment qu’il avait fait jadis ; chacun d’eux se résigna à être la victime, et l’on se rendit à la Caaba devant l’idole Hobal pour tirer au sort. Le sort tomba sur Abdallah, celui que son père aimait le plus. Le sacrifice allait être accompli dans un lieu destiné à l’immolation des victimes, lorsque des Koreïchites accourent, arrêtent le bras d’Abdelmottalib, et lui conseillent de consulter une devineresse qui se trouvait à Khaïbar, ville fortifiée, habitée par des juifs. La devine-


  1. Les lexicographes arabes ne sont pas d’accord sur la signification du mot koreïch ; il y a au moins six explications différentes de ce nom, toutes sont plus ou moins forcées. À en juger par la forme grammaticale, koreïch est le diminutif de karch, qui signifie une espèce de poisson très-vorace qui dévore d’autres poissons : ce n’a donc été d’abord qu’un sobriquet devenu dans la suite le nom de toute une famille issue de Fihr Koreïch.