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  sur mahomet. ix

temps appelé Aboulkacim (père d’el-Kacim) ; il eut encore deux autres fils qui moururent tous en bas âge et quatre filles. Dans l’année même de son mariage avec Khadidja, Mahomet entra dans une association qui venait de se former parmi les Koreïchites pour la protection des étrangers ou des Mecquois faibles contre les injustices des Koreïchites plus puissants, et il se fit toujours gloire d’avoir appartenu à cette société qui se conserva même après l’établissement de l’islamisme[1]. Nous avons déjà dit que Mahomet avait su dès sa jeunesse se concilier l’estime générale ; sa probité connue le fit appeler el-Emin, le loyal, le sûr, le fidèle. Une circonstance fortuite qui se présenta lorsqu’il était âgé de trente-cinq ans, lui donna encore plus de relief aux yeux de ses concitoyens. En 605 de J.-C., les Koreïchites résolurent de rebâtir le temple de la Caaba, détruit en partie par l’incendie quelques années auparavant. La vénération pour cette relique de l’antiquité ismaélite inspira une ardeur extraordinaire à toutes les branches de la tribu Koreïchite, mais en même temps elle excita une jalousie mutuelle. Lorsque les travaux de la construction furent avancés jusqu’à la hauteur où devait être placée la pierre noire, objet d’une vénération particulière, toutes les branches des Koreïchites se disputèrent l’honneur de cette tâche ; les hommes des deux branches de la tribu, résolues de soutenir leurs prétentions contre toutes les autres, plongèrent leurs mains dans un vase rempli de sang, et jurèrent de mourir plutôt que de céder. Les travaux furent suspendus, et une assemblée fut convoquée dans l’intérieur même du temple pour aviser aux moyens de détourner la guerre civile devenue imminente. Un Koreïchite âgé proposa tout à coup de prendre pour arbitre la première personne qui entrerait dans l’enceinte où l’assemblée se tenait ; on tomba d’accord, et lorsque tous les regards sont fixés sur l’entrée, el-Emin (Mahomet), paraît et est pris pour arbitre ; il fait étendre par terre un manteau, choisit quatre personnages les plus considérables des quatre branches principales de la tribu, et fait tenir à chacun un bout du manteau sur lequel reposait la pierre ; dès qu’elle est soulevée à la hauteur convenable, Mahomet la prend de ses propres mains pour l’encadrer dans le mur, et ainsi, en conciliant les prétentions des rivaux, se ménage une part considérable dans l’œuvre. Peu de temps après, Mahomet perdit tous les enfants mâles qu’il avait eus de Khadidja, et comme la disette qui se faisait alors sentir à la Mecque pesait sur les personnes moins aisées chargées d’une famille nombreuse, il se chargea du jeune Ali, fils d’Abou-Talib, son oncle. Ali fut depuis ce temps son compagnon inséparable et fidèle, son sectateur le plus dévoué, il remplissait souvent les fonctions de secrétaire


  1. Voyez quelques détails intéressants sur cette société dans Caussin de Perceval Essai etc. I, 332-335