Page:Le Koran (traduction de Kazimirski).djvu/548

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x notice biographique  

auprès de lui, il épousa plus tard sa fille Fatima, et enfin fut proclamé khalife.

Ce n’est qu’à l’âge de quarante ans que Mahomet se sentit appelé à prêcher aux Arabes une religion nouvelle. De son temps la race arabe ne formait pas une seule nation ; les Perses et les Romains exerçaient une souveraineté, en grande partie nominale, sur les tribus arabes les plus rapprochées des provinces de la Perse et de l’Empire romain ; les Arabes du désert vivaient dans une indépendance complète, et sans aucun centre d’autorité nationale. Ils ne professaient pas non plus tous la même religion ; la religion chrétienne s’était répandue parmi les Arabes des villes ; quelques tribus également établies dans les villes professaient la religion de Moïse, telles étaient les tribus de Koraïza, de Nadhir habitant à Yathrib (Médine) et à Khaïber ; mais l’immense majorité des Arabes était vouée à l’idolâtrie. La Caaba, qui, comme nous l’avons vu, passait pour avoir été jadis le séjour d’Abraham et du culte unitaire, était devenu le centre de tous les Arabes idolâtres ; chaque tribu avait une divinité, une idole particulière qu’elle adorait ; mais, de même que le paganisme romain accordait dans son panthéon une place à tous les cultes et se montrait disposé à y admettre Jésus-Christ, de même les Arabes étaient très-tolérants à l’égard des divinités de n’importe quelle origine, pourvu qu’on respectât le culte des siennes, et qu’on ne touchât pas aux usages ni aux superstitions qui avaient passé dans les mœurs. Chez un peuple nomade, isolé du reste du monde par sa position géographique et presque sauvage, les connaissances et les arts des États plus avancés dans la civilisation ne se propageaient qu’avec difficulté à la faveur des relations commerciales avec l’Empire romain et avec la Perse, relations très-restreintes comme les produits qu’il pouvait offrir et les besoins qu’il avait à satisfaire.

L’Écriture ancienne des Himyarites (de l’Yémen) était presque perdue, celle des Hébreux et des Syriens ne s’adressait qu’aux Arabes chrétiens ou juifs, et celle qui est connue sous le nom de Djezm et qui fut introduite à la Mecque peu de temps avant la naissance de Mahomet, n’était connue que d’un petit nombre. Les Arabes du désert ne connaissaient donc d’autre occupation que la guerre, d’autre histoire que celle de leurs généalogies, ils ne se souciaient que de leurs troupeaux de brebis et de chameaux, ils ne cultivaient pas d’autres arts que la poésie et leur langue, souple, surtout très-riche, et fixée, on dirait dès sa naissance, d’après des règles très-précises. Les jeux de hasard, l’usage souvent immodéré du vin, la polygamie commune d’ailleurs à tous les peuples de race sémitique, les mariages réputés ailleurs incestes, les commerces de galanterie, les vengeances personnelles dégénérant souvent en guerres acharnées entre les tribus entières, l’usage d’enterrer les filles vivantes pour se débarrasser d’autant de bouches