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  sur mahomet. xxiii

la tête des Ansar et des Mouhadjir, mais auxquels les tribus nouvellement converties à l’islam vinrent se joindre sur la route. Cette armée se montait, selon les historiens de Mahomet, à dix mille hommes. Dix jours après, l’armée musulmane entrait dans la ville sainte, sans rencontrer de défense et sans éprouver beaucoup de résistance, tant les mouvements avaient été prompts et tenus secrets ; toutefois, une troupe de Koreïchites qui attaqua l’avant-garde musulmane à l’entrée de la Mecque fut taillée en pièces, et l’arrivée prompte de Mahomet sur la scène du carnage put seule épargner un grand nombre de victimes innocentes. Dix-sept personnes d’entre les Mecquois furent exceptées de l’amnistie, et Mahomet autorisa à les tuer, fussent-elles sous les tentures qui recouvraient la Caaba. Mahomet se rendit aussitôt à ce temple, en fit sept fois le tour, et toucha avec respect la pierre noire avec son mihdjan ou bâton recourbé par un bout ; il demanda ensuite la clef du temple et pénétra dans l’intérieur. Il y vit des images, des figures d’anges peintes sur les murailles, une colombe de bois suspendue au plafond, empruntée peut-être aux emblèmes chrétiens, une figure qu’on disait être celle d’Abraham, tenant à la main les flèches à l’aide desquelles les Arabes avaient coutume de consulter le sort. Trois cent soixante idoles étaient réunies dans le temple ; à mesure que Mahomet passait devant elles, il levait son mihdjan, et à ce signal on les brisait sur-le-champ, pendant qu’il prononçait ces paroles : « La vérité parut et le mensonge s’évanouit. » À midi, son crieur particulier, nommé Belal, monta au haut de la Caaba et proclama l’heure de la prière.

Le même jour, toute la population de la Mecque fut avertie de se rendre à la colline de Safa pour reconnaître le prophète et lui prêter serment d’obéissance, bi’at, -bi’a, qui consistait en ce que chacun devait donner la main à Mahomet ; Omar fut dans cette occasion le représentant de Mahomet, il tendait la main à chacun des assistants, pendant que Mahomet se tenait assis sur un siège élevé ; après les hommes, les femmes furent admises à prêter aussi serment ; elles promettaient de ne commettre ni larcin, ni adultère, ni fornication, ni infanticide, et de ne se rendre coupable d’aucun mensonge ni de médisance.

Mahomet resta environ quinze jours à la Mecque, et pendant ce temps il fit détruire dans les environs les idoles et les temples des idolâtres, et envoya des détachements de cavalerie pour appeler à l’islam les habitants des contrées voisines. Bien qu’il eut recommandé à ses troupes de ne faire usage de leurs armes que dans le cas d’extrême nécessité, quelques chefs ne se conformèrent pas cependant à cette recommandation et commirent des massacres que Mahomet se vit forcé de désapprouver et de condamner. Une seule tribu, très-puissante et depuis longtemps rivale des Koreïchites, refusa de se soumettre et mar-