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xxii notice biographique  

À la fin de la septième année de l’hégire (629 de J.-C.), époque du pèlerinage de la Mecque, fixée par la convention conclue l’année précédente avec les Koreïchites, Mahomet put enfin accomplir le vœu de la visite des lieux saints, et il l’accomplit pacifiquement. Entouré de ses disciples, à pied et le sabre au côté, il entra à la Mecque monté lui-même sur sa chamelle Koswa, au milieu d’un nombreux concours d’idolâtres ; il s’acquitta de tous les actes de dévotion, non-seulement de ceux qui étaient établis par l’usage immémorial et qui n’avaient aucun caractère païen, mais encore de ceux qu’il venait d’établir lui-même en sa qualité d’apôtre ; les sept tours autour de la Caaba, les sept courses entre les collines de Safa et de Merwa, l’immolation des victimes dans la vallée de Mina, et la prière musulmane annoncée par son crieur particulier, tout cela se passa pacifiquement et en ordre ; mais les Koreïchites insistèrent sur son départ immédiat après les trois jours de séjour stipulé par la convention, et ne voulurent pas même accepter l’invitation à un repas que Mahomet désirait leur offrir avant son départ.

À la suite de ce voyage pacifique qui ne fit que grandir Mahomet dans la considération des Arabes, et contribua beaucoup à des conversions nombreuses et importantes, le prophète des Arabes, entouré déjà du prestige d’un souverain, entreprit une expédition contre l’Empire romain, ou plutôt contre les princes arabes ghassanides tributaires de Rome, et appuyés par des troupes romaines ; une armée musulmane, forte de trois mille hommes et commandée par son affranchi Zeïd, se rendit à Mouta, bourgade située sur l’extrémité sud-est de la Syrie, et là elle eut à soutenir des combats sanglants contre des Arabes et des Romains fort supérieurs en nombre. L’issue de cette guerre fut fatale aux musulmans. Après avoir perdu successivement deux généraux en chef, ils furent obligés de rentrer à Médine. Cependant cet échec n’affaiblit pas la puissance de Mahomet ; et plusieurs tribus bédouines s’empressèrent d’embrasser l’islam et de se ranger sous sa bannière ; de ce nombre fut la tribu d’Abs, à laquelle avait appartenu le fameux héros Antara. Mahomet, en recevant les députés de cette tribu, leur dit que le guerrier bédouin qu’il eut le plus désiré de voir était Antara, mort depuis quelques années. Pour couronner tous ces succès en Arabie, il ne manquait plus à Mahomet que de se rendre maître de la Mecque. L’occasion favorable s’en présenta dans l’année 8 de l’hégire, lorsque la tribu de Khozaa, alliée de Mahomet dans la convention signée à Hodaïbiïa deux ans auparavant, fut attaquée par la tribu de Doïl, alliée des Mecquois et par les Mecquois eux-mêmes. Mahomet, se voyant dégagé de toutes ses obligations, résolut aussitôt de tirer le meilleur parti de cette rupture, aussi repoussa-t-il les ouvertures des Koreïchites pour une satisfaction et un accommodement. Il partit de Médine le 10 de ramadhan de l’an 8 de l’hégire (630 de J.-C.), à