Page:Le Koran (traduction de Kazimirski).djvu/568

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xxx notice biographique  

jours avant sa mort il demandait de l’encre et une plume pour consigner ses dernières volontés, cela semble autoriser à croire qu’il savait écrire ; dans tous les cas, il se servait volontiers de ses secrétaires qui écrivaient sous sa dictée, c’étaient Ali, Othman, Zeïd, Ubaï, Moawia. Quant à l’instruction, telle qu’elle pouvait exister à cette époque-là parmi les juifs et les chrétiens, il n’en avait évidemment pas, et il ne possédait des Écritures qu’une connaissance fragmentaire, telle qu’on la puise dans des entretiens, et par des ouï-dire. De là vient que quelques récits bibliques reproduits dans le Koran sont défigurés, confus, et que le faux et l’apocryphe y sont presque toujours à côté du vrai et de l’authentique. Mahomet reconnaît, du reste, lui-même qu’il est un prophète illettré, ommi, envoyé vers les illettrés, probablement pour mieux faire ressortir son caractère d’homme inspiré d’en haut. Quelques auteurs musulmans cependant prétendent que le mot ommi (maternel, tel qu’on est quand on est sorti du sein de sa mère, ignorant, illettré) appliqué à Mahomet, signifie originaire de la Mecque qui s’appelle Ommoul-koura, Mère des cités[1]. Les aveux réitérés que Mahomet fait de son manque d’instruction et de son ignorance de l’avenir n’ont pas empêché ses compagnons, et à plus forte raison les générations successives, de lui attribuer le don de lire dans l’avenir et d’opérer des miracles. L’exaltation religieuse, le zèle pour la propagation d’un culte qui avait déjà conquis du terrain, très-souvent la fraude pieuse s’adressant à l’ignorance et à la crédulité, ont fait de Mahomet l’auteur d’un millier de prodiges[2]. On ne s’arrêta pas même là. Lorsque, par une pente naturelle d’un culte livré à ses développements, la discussion et la controverse s’ouvrirent sur les dogmes, lorsque ce


  1. Cette explication du mot ommi est donnée dans l’ouvrage persan intitulé « Hakkoul-yakin. »
  2. Voici quelques-uns des miracles opérés par Mahomet ou des qualités miraculeuses qui lui sont propres : Une fois il a fendu la lune en deux au vu de tout le monde ; sur sa demande Dieu a fait rebrousser chemin au soleil, afin qu’Ali pût s’acquitter de la prière de l’après-midi qu’il avait manquée, parce que le prophète s’était endormi sur ses genoux et qu’Ali ne voulait pas le réveiller ; toutes les fois que le prophète marchait à côté de quelque autre personne, Mahomet, quoique de taille moyenne, paraissait toujours la dépasser de toute la tête ; son visage était toujours resplendissant de lumière, et lorsqu’il tenait ses doigts devant son visage, ils brillaient comme des flambeaux de la lumière empruntée à son visage ; on a souvent entendu les pierres, les arbres et les plantes saluer Mahomet et s’incliner devant lui ; des animaux tels que les gazelles, les loups, les lézards, parlaient à Mahomet, et le chevreau rôti en entier lui adressait aussi la parole ; il avait un pouvoir absolu sur les démons qui le redoutaient et croyaient à son apostolat. Il a rendu la vue à des aveugles, il a guéri des malades et même ressuscité des morts ; il a fait un jour descendre une table toute dressée pour Ali et sa famille, qui avaient faim ; il a prédit que sa postérité issue de Fatima serait la victime des injustices et des persécutions, et que les Ommaïades régneraient mille mois, et c’est ce qui s’est réalisé, etc. Voy. aussi la note du chap. VIII, 1, sur le voyage miraculeux de Mahomet aux cieux.