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372 LE KORAN.  
  1. Nous éprouvâmes Salomon, et nous plaçâmes sur son trône un corps informe[1]. Salomon, pénétré de repentir, retourna à nous.
  2. Seigneur ! s’écria-t-il, pardonne-moi mes fautes, et accorde-moi un pouvoir tel que nul autre après moi ne puisse en avoir de pareil. Tu es le dispensateur suprême.
  3. Nous lui soumîmes le vent, dégagé dans son essor et courant partout où il le dirigeait.
  4. Nous lui soumîmes aussi les démons, tous architectes ou plongeurs,
  5. Et d’autres attachés les uns aux autres avec des chaînes.
  6. Tels sont nos dons, lui dîmes-nous ; répands tes faveurs ou refuse-les, tu n’en rendras pas compte.
  7. Salomon aussi occupe une place auprès de nous, et jouit de la plus belle demeure.
  8. Souviens-toi aussi de notre serviteur Job, lorsqu’il adressa à son Seigneur ces paroles : Satan m’a accablé de maladies et de tourments.
  9. Une voix lui cria : Frappe la terre de ton pied. Il le fit, et il en jaillit une source d’eau. Cette eau te servira pour les ablutions ; elle est fraîche, et tu en boiras.
  10. Nous lui rendîmes sa famille, en y ajoutant une fois autant. C’était une preuve de notre miséricorde et un avertissement pour les hommes doués de sens.
  11. Nous lui dîmes : Prends un faisceau[2], frappes-en, et ne viole point-ton serment[3]. Nous avons trouvé Job doué de patience.

  1. Salomon, après avoir conquis Sidon et mis à mort le roi de cette ville, prit sa fille pour concubine. Celle-ci obtint la permission d’avoir la statue de son père dans ses appartements ; elle s’en fit un objet d’adoration, et introduisit ainsi sous le toit du roi Salomon le culte idolâtre. Dieu voulut le punir de cette faiblesse. Salomon avait coutume de laisser chez une de ses femmes, toutes les fois qu’il se rendait au bain, son anneau, emblème du pouvoir et talisman à l’aide duquel il gouvernait les génies. Un de ces génies parvint à s’en rendre maître, et s’assit sur le trône ; Salomon, dépossédé de son anneau, perdit le royaume, et fut obligé d’errer sur la terre, méconnu et renié par ses sujets, jusqu’à ce que l’anneau, que le démon avait jeté dans la mer, retiré par un pêcheur et restitué à Salomon, lui fît recouvrer son autorité.
  2. On sous-entend d’herbes ou de jonc
  3. Les commentateurs disent que la femme de Job (Lia, fille de Jacob ou d’Éphraïm, fils de Joseph) étant allée quelque part et ayant resté trop longtemps absente, Job, qui avait sans doute besoin de son aide, jura de lui donner cent coups de fouet dès qu’il guérirait. Dieu lui ordonna de prendre un faisceau d’herbes ou de joncs, et de frapper, sans lui dire quoi, et cela afin qu’il restât fidèle à son serment et dégager sa parole. Ce passage du Koran autorise cette manière de dégager un serment fait inconsidérément et que l’on préférerait ne pas remplir dans toute sa rigueur. Dans le texte, le mot frappes-en n’est suivi d’aucun régime.