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4 LE KORAN.  
    soudain, laissant les hommes dans les ténèbres, ils ne sauraient voir.
  1. Sourds, muets et aveugles, ils ne peuvent plus revenir sur leurs pas[1].
  2. Ils ressemblent à ceux qui, lorsqu’un nuage gros de ténèbres, de tonnerre et d’éclairs, fond du haut des cieux, se bouchent les oreilles de leurs doigts, à cause du fracas du tonnerre et par crainte de la mort pendant que le Seigneur enveloppe de tous côtés les infidèles.
  3. Peu s’en faut que la foudre ne les prive de la vue ; Lorsque l’éclair brille, ils marchent à sa clarté ; et lorsqu’il les plonge dans les ténèbres, ils s’arrêtent. Si Dieu voulait, il leur ôterait la vue et l’ouïe, car il est tout-puissant. Ô hommes[2] ! Adorez votre Seigneur, celui qui vous a créés, vous et ceux qui vous ont précédés. Craignez-moi.
  4. C’est Dieu qui vous a donné la terre pour lit et qui a élevé les cieux comme un édifice au-dessus de vos têtes ; C’est lui qui fait descendre l’eau des cieux, qui par elle fait germer les fruits destinés à vous nourrir. Ne donnez donc point d’associés à Dieu. Vous le savez.
  5. Si vous avez des doutes sur le livre que nous avons envoyé à notre serviteur, produisez un chapitre au moins pareil à ceux qu’il renferme, et appelez, si vous êtes sincères, vos témoins que vous invoquez à côté de Dieu[3].

  1. Les commentateurs donnent à ces mots le sens de : Ils ne se convertiront pas.
  2. Lorsqu’un prédicateur, dans la mosquée ou un orateur arabe, harangue le peuple, il se sert, dans son allocution, des mots : Ô hommes ! C’est-à-dire : Ô vous qui m’écoutez. De même, dans le Koran, ces mots ne s’adressent pas à tous les hommes, aux mortels, mais aux Mecquois ou aux Médinois que prêchait Mahomet. C’est le caractère propre à tous les discours tenus par Mahomet et à toutes les institutions et préceptes d’avoir une application actuelle et restreinte aux peuples de l’Arabie, sans embrasser les autres peuples, le genre humain. Les commentateurs font observer cependant que les mots : Ô hommes ! s’appliquent plus particulièrement aux Mecquois, tandis que les Médinois sont interpellés par les mots : Ô croyants, Ô vous qui croyez. Les habitants de la ville de Mahomet persévéraient dans l’idolâtrie lorsque les Médinois avaient déjà accueilli chez eux le nouveau prophète.
  3. Les mots : min douni-’llahi, sont traduits ordinairement par : A l’exclusion de Dieu . Cependant min doumi est une locution adverbiale qui exprime qu’avant de parvenir à tel objet, on en rencontre un autre sur son chemin ; ainsi, dans ce passage, et dans les passages analogues du Koran, elle veut dire que dans le culte idolâtre il y avait, entre les hommes et le Dieu unique, des êtres, des divinités intermédiaires. Mahomet n’accuse pas les Arabes d’adorer des divinités exclusivement et absolument, mais de mêler au culte de Dieu celui d’autres divinités. De même les païens de l’antiquité classique consentaient volontiers à placer le Dieu des chrétiens parmi les divinités de l’Olympe, mais non pas à sacrifier entièrement leur polythéisme. C’est ce qui résulte de beaucoup de passages du Koran, où les idolâtres sont réputés reconnaître l’action du Dieu suprême.