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merciales ; cette espèce d’excommunication fut confirmée par un acte écrit sur parchemin et déposé dans la Caaba. Cette mesure inspira aux deux branches excommuniées des inquiétudes sérieuses pour leur sécurité, aussi résolurent-elles de se concentrer sur un seul point de la Mecque, au lieu d’habiter comme jusqu’alors les maisons disséminées. Ceci se passait dans la septième année de la mission de Mahomet.

Cet état d’hostilité dans les familles koreïchites, musulmanes et non musulmanes, se prolongea jusqu’à la dixième année de la mission ; alors on résolut d’amener une réconciliation, mais un jour, pendant qu’on délibérait sur cette affaire, Abou-Talib oncle de Mahomet, se présenta et annonça aux Koreïchites idolâtres que Mahomet venait apprendre par une révélation que Dieu avait livré aux vers l’acte de la ligue déposé à la Caaba. On s’y rendit et on trouva, disent les historiens, le parchemin rongé tout entier par les vers, à l’exception des mots « en ton nom, ô Dieu » qui se trouvaient en tête. L’acte se trouvant annulé, la ligue fut dissoute, et les familles excommuniées reprirent à la Mecque leurs anciennes demeures. Il ne paraît pas cependant que ces prétendues preuves de la mission divine de Mahomet aient frappé les idolâtres au point de leur faire embrasser l’islam. Mahomet, toujours rebuté dans sa ville natale, se rendit à Taïf, ville rivale de la Mecque ; mais ses prédications y rencontrèrent tout autant d’opposition, d’insultes et de haine. Mahomet retourna à la Mecque et mit plus de réserve dans sa conduite ; il ne prêcha plus en public et s’abstint d’insultes et de railler les idoles. Son séjour à la Mecque devenait de plus en plus insupportable, surtout lorsque par la mort d’Abou-Talib[1] et de Khadidja, en 619 ou 620 de J.-C., il se trouva privé de leur appui. Il importait beaucoup à Mahomet, dans une situation aussi précaire, de trouver quelque autre ville qui put être un centre pour son action. Il le trouva à Yathrib. Cette ville était habitée principalement par deux tribus arabes idolâtres et deux tribus juives.

Les Arabes, entendant souvent parler les juifs de l’apparition, prochaine d’un prophète qui soumettrait le monde à son empire, ce qui probablement chez les juifs exprimait l’attente du Messie, se trouvèrent prédisposés à accueillir avec faveur les récits des prédications tenues par Mahomet à la Mecque. Le pèlerinage de la Mecque les mit facilement en rapport avec Mahomet, et, à la suite de quelques conversions partielles des Arabes de Yathrib, le nouveau culte y compta bientôt de nombreux sectateurs. Dans la onzième année de sa mission, douze personnages venus de Yath-


  1. Abou-Talib protégeait son neveu à cause des liens du sang, car il était idolâtre, et ne convertit à l’islam qu’à son lit de mort ; on doute même de cette conversion. Khadidja porte chez les musulmans le surnom de ommoui-mouminin, mère des croyants.