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Elle ne saurait trouver place ici. — Diminutif de couêve, balai, comme balayette, de balai.

COL pour Cou. — Archaïsme excellent. Je lisais l’autre jour dans un feuilleton scientifique que « les gens qui ont le cou court sont exposés aux apoplexies ». Ce cou court, pour peu surtout que ce fût un cou court courbé, est moins harmonieux qu’un vers de Larmatine. Il y a d’autres inconvénients à remplacer col. Lorsque j’étais aux Minimes, à la fin du déjeûner, l’élève chargé de la lecture pendant le repas lisait le martyrologe du jour. Une fois lisait-il : « Il fut précipité dans le Tibre, une pierre au col » (l’édition était ancienne). Le préfet, qui voulait nous élever en puristes, interrompit : « Lisez comme s’il y avait un u. » L’élève, à la bonne foi, reprenant de son ton monotone et nasillard : « Il fut précipité dans le Tibre, une pierre au c… » (Émotion générale.)

COLAN, s. m. — Collier de femme. C’est le français coulant, même sens, de collum. L’orthographe colan est la bonne : col (lum) + anum.

COLAUD. — M. Colaud a passé par les vignes, La fleur de la vigne a coulé. Colaud, de couler.

COLÈRE. — Être en colère comme un chapon rôti. La Bélonie : As-te vu la Maria quand se n’homme n’a l’ayu embrassée ? Autant un chapon rôti ! On suppose que le chapon, quand il se voit rôti, est furieux de l’être. Il y a de quoi.

COLLAGNE, s. f. — Association entreprise à intérêts communs. Faire de collagne ensemble. — C’est le dauphinois collagne, étoupe ; lyonn. cologne, quenouille. Proverbe : Étoupe et collagne sont parties pour Beaucaire, Il n’y a plus rien. — Faire de collagne, c’est littéralement peigner le chanvre. L’idée a dévié à Peigner le chanvre ensemble, puis à Faire une entreprise quelconque ensemble.

COLLATION. — Être collation. Se dit des aliments qui ne renfermant ni œufs, ni beurre, ni lait, peuvent, en carême, se manger au repas du soir, dit collation. Les bugnes sont collation.

COLLE, s. f. — Histoire, craque, mensonge. La femme à Jean-Liaude a voulu lui faire gober qu’elle avait passé la nuit chez sa tatan qu’est malade, mais la colle n’a pas prenu. On voit la dérivation du sens : on tâche à coller une pièce sur l’accroc que l’on a fait à la vertu, à la politesse, etc. Des fois la colle prend, des foiselle ne prend pas.

Battre une colle, Faire une craque. L’expression se comprend : pour qu’une colle ne fasse pas de catons, il faut la battre avant de la faire cuire.

COLLÈGE. — Faire son éducation autour du collège. C’est ainsi que s’est faite la mienne. Ce n’est pas une éducation bien pénible, mais ça ne vaut pas l’École normale,

COLLET, s. m., terme de montage de métier. — Bout de cordelette, terminée à son extrémité inférieure par un petit crochet nommé fer de collet. Les collets s’accrochent aux crochets de la mécanique (voy. arcade).

Collet de mouton, Cou de l’animal. Sert à faire de l’excellent bouillon. Ne faillez jamais à mettre bouillir avec le rond de veine un morceau de collet.

COLLETAGE, s. m., terme de montage de métier. — Opération par laquelle on suspend les arcades empoutées à leurs collets respeclifs (voy. arcade).

COLOGNE, s. f. — Quenouille. — Vieux franc. queloigne, de colucula. Nos aïeules, au lieu de faire de la tapisserie, des broderies, des petites bêtises, filaient de la laine à la cologne pour ensuite en tricoter des bas. Nous avions encore, à Sainte-Foy, la cologne de mon arrière-grand’mère. Elle était garnie en ivoire.

COLOMBINE. — Colombine de chrétien. La colombine est la fiente du pigeon. Colombine de chrétien (on dit aussi colombine de personne) est un euphémisme gracieux et délicat, que les gens distingués emploient au lieu d’un vilain mot. Les épinards, la laitue, l’oseille se fument de préférence à la colombine de chrétien.

COMBIEN. — Combien tenons-nous du mois ? Combien sommes-nous du mois ? À quel quantième du mois sommes-nous ? — Le vieux franç. com signifiait « à quel point ? » Il a fait combien par l’adjonction de bien,