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S’emploie quelquefois au sens actif pour chasser. J’ai trouvé deux marque-mal dans le jardin. Je les ai débagagés !

Se débagager le ventre, Se purger. Peut-être par analogie avec dégager.

DÉBARRAS, s. m. — Chambre borgne où l’on met les vieilles barafûtes, les vieux grollons, les vieilles rouillardes, les crossons quand les mamis sont venus grands et qu’on n’en attend plus d’autres, parlant par respect, les vieilles seringues, tout ce qui ne serait pas à sa place au salon. Enfin un débarras sert à se débarrasser de tout ce qui embarrasse. Cela coule comme un rhume de cerveau.

DÉBAROULER, v. n. — Voy. barouler.

DEBITORIBUS. — Débitoribus à gauche, à droite. Un envieux : As-te vu le prétendu à la Glaé ? On dirait qu’i lui manque une miche : i marche tout debitoribus à gauche. — Mot forgé, en imitation du latin, sur le vieux lyonnais débitors, contrefait, de bis torsus. On trouve debitoribus dans Rabelais, qui l’aura vraisemblablement recueilli dans son séjour à Lyon.

DÉBONDER, v. n. et a., terme bas. — Se dit du cataclysme qui communément suit, parlant par respect, la constipation prolongée. Au temps où le carême entier était maigre, un très bon homme me disait : Le jour de Pâques, j’ai débondé tout mon carême.

DÉBORD, s. m. — Le débord du Rhône a tout ablagé Villeurbanne. Un imprimé de 1570 est intitulé : « De l’effroyable et merveilleux desbord de la Rivière du Rhosne… en 1570. » — Ce subst. verbal de déborder, m’écrivait M. Egger, méritait infiniment mieux de pénétrer dans le français que l’ennuyeux dérivé débordement.

DÉCABANER (SE), - v. pr. — Changer de résidence ou simplement de place. Faut se décabaner ; la bourgeoise gongonnerait. — Fait sur cabane, visiblement.

DÉCALER, v. n. — Diminuer, faiblir, être à cras. Je viens de voir le pauvre Nizier, il décale, Il va mourir. — C’est le vieux franç. caler, descendre, enfoncer, avec le préfixe de au sens intensif, comme dans défaillir.

DÉCAMOTTER, v. a. — Défaire quelque chose qui est aggloméré, capiyé ; désagréger des catolles. Décamotter des jaunes d’œuf dans la barbe. Quand vous voyez un pauvre tousseur qui se travaille, parlant par respect, pour expectorer, vous devez lui dire avec bienveillance (il faut toujours donner du courage aux malades) : Allons, te vas mieux, velà ton rhume que commence à se décamotter. — De motte, au sens de petite agglomération, avec le préfixe disjonctif de et l’insertion de la syllabe péjorative ca. Comp. le berrichon décacrotté pour un enfant tout grandi, tout décrotté.

DÉCANILLER, v. n. et a. — Faire sauver, se sauver. Magine-te que j’ai biché me n’epouse sus la suspente n’avè le Joset, que n’avait pas rien laissé sa roupe, comme l’autre, hi, hi, hi ! — Et tu leur z’y a cogné ? — Oh, non, mais je te les ai fait décaniller un peu vite ! I sont allés où i n’ont voulu. — Un bon homme à sa femme le matin : Allons, ma coque, c’est pas le moment de jouer au bouchon, lève-toi, velà cinq heures. Faut te décaniller pour faire la soupe.Décaniller : jouer des canilles.

DÉCAPIER, DÉCAPIYER, v. a. — Détacher des fils capiés. Au fig. Le Zupère voulait se décapiyer d’avè la Pothine ; mais ce fennes, ça tient, parlant par respect, comme un pou sur une rogne.

DÉCATOLER v. a. — Faire cesser d’être catole. Le fils Cugniasse, c’est z’un vrai benoni. Y va se marier avè Mlle Brûlard. I saura pas comment s’y prendre. — Oh ! Mlle Brûlard se chargera ben de le décatoler.

DECENDRE. — C’est notre manière de prononcer descendre. Un bon canut, sur le pas de sa porte d’allée. Son gone est à la fenêtre au cinquième. Le canut : Joannesse, la mère decend-elle ?Joannesse : Pepa, je vas voir. Il revient : Oui, pepa, la mère decend. — En principe, nous remplaçons tant que nous pouvons les é et les à atones, à l’initiale ou à l’intérieur des mots par des e muets. C’est ainsi que nous disons confeceur, profeceur (et aussi le simple feceur), genereux, desolation, devider, detailler, netèyer, drecer, melasse, epoux ; parlant par respect, peter, etc., etc.

DÉCESSER, v. n. — Cesser, mais ne s’emploie qu’au sens négatif. Quel avocat ! trois