Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/147

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DÉTOUR. — Se faire un détour, se donner un détour, Se faire une entorse, se fouler un muscle. Quand on s’est fait un détour, il faut vite aller chez le rhabilleur. — De ce que le nerf (que vous appelez muscle) a été détourné de sa place, comme cela se comprend oculiquement.

DÉTRANCANER, v. a. — 1. Trancaner (voy. ce mot).

2. Déménager, avoir l’esprit qui se dérange. Te sais, y a Melachon qu’on va mener à l’Antiquaille ; i détrancane. — L’idée d’un objet déplacé se lie dans le peuple à l’idée d’esprit troublé. À détrancaner comp. déménager.

DÉTRANCANOIR, s. m. — Trancanoir (voy. ce mot).

DETTES. — Se mettre dans les dettes, S’endetter. Comp. l’allem. Sich in Schulden stecken.

DEUX. — Deux sur dix, Formule cabalistique que nos marchands emploient pour recommander à leurs commis de veiller sur l’acheteur dont on soupçonne la probité. M. Auguste, les foulards ! Voyez numéro 7943 ! deux sur dix ! C’est-à-dire deux yeux sur dix doigts.

L’excellent père X…, le drapier si connu à Lyon, et si estimé pour sa grande piété, avait une formule latine pour une recommandation d’un autre ordre. Un de ses commis était-il en train de vendre une pièce de drap à quelque acheteur peu exact à solder ses factures, il se promenait autour de la banque en scandant à mi-voix : Pagare lantare, salare. — « Qu’est-ce que dit donc M. X… ? faisait le client. — — Oh ! faites pas attention, répondait le commis, il dit sa prière. »

DÉVA. — Bonjour, comment ça va ? — Ça ne vas pas, ça déva, répond l’interlocuteur, qui se sent atteint d’un mal profond.

DEVANT. — En beau devant. Voy. beau. Avoir quelque chose devant soi, Être bien dans ses affaires, avoir de quoi, être moyenné. — La Toinon épouse le fils Acoqua. C’est un bon parti. Une fille est déjà bien heureuse quand son homme a quelque chose devant soi.

DEVANTI, s. m. — Tablier. Appare voire c’t’orange dans ton devanti ! — Vieux franç. devantier.

DEVENIR. — Devenir mort.Qu’est don devenu le père Flaquet ! — Il est devenu mort. On ne le dirait pas de quelqu’un qui vient de mourir. — Pourquoi peut-on « devenir vieux », et ne peut-on pas « devenir mort » ? Cela se ressemble tant !

Cf. en Lorraine : C’est votre fils, madame ? Comme il est venu grand !

DEVERS, prép. — De. Je suis devers Ampuis, Je suis d’Ampuis.

DEV…ER (parlant par respect) v. a., terme bas. — Se dit d’airer une chambre pour chasser le mauvais air. Tous les matins, à cinq heures, j’ouvre les deux fenêtres pour dév…er notre chambre. C’est une bonne habitude.

DÉVIANDÉ, ÉE, adj. — Amaigri. J’ai vu le pauvre Maquia ; il est bien déviandé.

DÉVISAGER, v. a. — Dévisager quelqu’un, Le regarder fixement et longtemps. Je sais pas ce qu’avait c’te dame de me dévisager comme ça ! — C’est p’tête mame Putiphâ que te prenait pour saint Joset ? Hi. hi, hi ! — C’est le franç. dévisager pris métaphoriquement. Dévisager quelqu’un, c’est lui abîmer le visage à force de le regarder.

DEVISE, s. f. — Nom que nous donnons aux rébus qui enveloppent les papillotes. Si te prends de papillotes, manque pas de les prendre avè de devises.

DÉVOUEMENT, s m. — « Flux de ventre ; dites dévoiement. » Ô monsieur Molard ! quelle grossièreté de langage ! Vous n’avez donc pas compris le sentiment de pudeur délicate qui faisait dire aux Lyonnais dévouement pour dévoiement ! — Après cela, je confesse qu’on rencontre plus souvent le second que le premier.

DIABLE, s. m. — 1. Chariot très bas, à quatre roues massives en fer ou fonte, qui sert, dans les chantiers, à barder les blocs de taille ou les moellons.

2. Sorte de brouette à deux roues, sans caisse, avec un large rebord en fer par devant, et dont on se sert pour le maniement des ballots de soie. En élevant les brancards verticalement, le rebord touche le sol. On fait reposer le ballot sur le rebord, et en abaissant les brancards, le ballot se trouve tout chargé.

3. Sorte de couvercle en tôle, auquel est