Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans les gros comptes, où il y a un trop grand nombre de bouts dans chaque dent du peigne. On partage les bouts dans la fausse-lisse, à seule fin de ne pas faire des chemins dans l’étoffe.

FAUTE. — Avoir faute, Avoir besoin. Mame Piluchon, faites excuse de vous laisser un m’ment, j’ai faute de pancher de l’eau.Faute de, suivi d’un substantif, est employé par les bons auteurs. « Je porte tout mon avoir avec moi, disait le digne Béroalde, de peur d’avoir bien faute de poux. » Par analogie, les Lyonnais se sont servis de faute de devant un verbe. Il s’emploie même isolément, et quand un mami dit en société : Maman, j’ai faute, tout le monde comprend et sourit de cette preuve de bonne éducation, d’un air flatteur pour la maman.

Ce livre me fait faute. Voy. faire besoin.

Le jeu ne demande que faute. Dicton que l’on rappelle au joueur qui veut revenir sur un oubli ou sur une distraction.

FAUTER, v. n. — Faire une faute. Quand une femme a fauté une fois, disait le bon père Navet, de la Grande-Côte, c’est comme aux chevaux couronnés, ça marque toujou.

FAUX. — Faux comme Judas. Quelqu’un qui n’est pas un modèle de franchise.

FAUX-FILET, terme de boucherie. — Morceau moins bon que le filet, mais succulent encore. Il est attenant au filet, du côté opposé au pendant de filet.

FAVETTE, s. f. — Frayeur. Prendre la favette, Prendre peur. Je croyais ce mot tiré de l’argot, mais je ne l’ai trouvé dans aucun dictionnaire des termes populaires. La favette, c’est proprement la petite fève. On trouve en provençal avè le favo, avoir le guignon, littéralement avoir la fève ; je suppose que le mot lyonnais et la locution provenç. se rapportent à quelque croyance populaire où la fève tient un rôle.

FAYARD, s. m. — Hêtre. — De fagum.

FAYE (fa-ye), s. f. — Brebis. À table, en tiripilant un gigot : C’est pas de mouton que le nagu t’a donné, c’est quèque vieille faye. De fœta.

FÈGE, s. m. — 1. Foie. Le chagrin lui a délavoré le fège.

2, s. f. En particulier, Tranches de foie cuit qu’on achète pour mettre en salade, communément avec des pieds de mouton. De fidica, forme de ficata (jecur ficatum : Pinguibus et ficis pastum jecur anseris albi).

FEMME. — Femme du Puy, homme de Lyon font bonne maison. Parce que l’une est avare, et l’autre laborieux.

Quand la maison porte sur quatre piliers, la femme en tient trois (quand elle n’en tient pas quatre). Le sûr, c’est que l’ordre et l’économie de la femme font la prospérité du ménage.

Il faut laisser les portes et les femmes comme on les trouve, C’est ce que me répétait toujours mon maître d’apprentissage (Dieu ait son âme), qui m’a donné tant de bons conseils.

Les femmes en vivent et les hommes en meurent. C’est un proverbe que répétait souvent M. Chrétien aux jeunes gens qui allaient le consulter.

FENAISON. — « Temps de faner le foin ; dites fanaison. » (Molard.) — Observation fausse. « Il (fenaison) se dit aussi du temps où l’on coupe les foins, » écrivait déjà l’Académie en 1798.

FENASSU, s. m. — Cotillonneur. Le père Chauchaud, y est un bonhomme, mais un petit peu fenassu. — Du patois fena, femme, avec le suffixe u et insertion de la syllabe ass pour donner le caractère fréquentatif. Comp. mardassu, celui qui est habituellement malpropre, et mardu, celui qui l’est dans la circonstance même.

FENDRE (SE), v. pr. — Faire acte de générosité. Le père Pourillon vous ferait pas tort d’un sou, mai i n’aime pas à se fendre. S’emploie devant un complément avec la préposition de. Pour la noce de mon neveu Cotivesse, je m’ai fendu d’un cabaret qui m’a coûté douze francs.

FENIÈRE, s. f. — Fenil. — De fœnaria.

FENNE, s. f. — Femme. Lorsque, en parlant de sa femme, on ne dit pas « la bourgeoise » ou « la grosse », on dit toujours notre fenne, parce que ma femme serait outrecuidant, et que d’ailleurs on ne doit pas avancer une proposition hasardée. Fenne, épave de notre ancien patois, tend à vieillir. — De femina, où m est tombée tandis que c’est n dans le français femme.