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On dit aussi : Gambiller comme un canard aux navets. Gambiller comme un canard, c’est déjà fortement gambiller, jugez un peu voire si le canard est aux navets ! — De gamba, jambe, avec le suffixe fréquentatif et péjoralif iller.

GAMBILLOTER, GAMBIOTTER, v. n. — Boiter légèrement. Fréquentatif du fréquentatif gambiller.

GAMBIROT, OTTE, s. — Boiteux, euse. — De gamba, jambe, et ruptum, rompu.

GANACHE, s. f. — Apéritif composé d’eau de noix et d’arquebuse mêlées. — Impossible de discerner l’étymologie, sinon peut-être dans l’idée que ceux qui prennent des ganaches en sont.

On dit aussi, en parlant d’un magnifique repas : C’est les noces de Ganache.

Ganache, après charogne, est le plus cordial qualificatif dont on puisse saluer un vrai ami. — Te v’là, charogne ? — Comment, c’est toi, ganache ? (P. B.)

GANACHER, v. n. — Agir ou parler en sot, en ganache. Te dis que te veux marier la Liaude, qu’a huit cents francs à la Caisse d’épargne ! Allons, ganache don pas !

GANDAYER, v. a. — Faire la conduite de Grenoble à coups de pierres. Par extension, Chasser en général. « Nous éprouvons encore un grand plaisi tramé de joie, c’est de voir gandayé de l’armana gregoirien ce saint Napolyon… » (Adresse à Taillerin-Patrigot.) L’ange exterminateur est venu, que les a bien fessés et les a gandayés du paradis tarrestre. (Les Canettes, de L.-E. Blanc.) — Du vieux franç. gandir, céder, se retirer. Le neutre a pris le sens actif, comme dans « tomber un homme », pour « le faire tomber ».

GANDILLE, s. f. — Coureuse, dévergondée. Grande gandille ! — Subst. verbal de gandiller, au vieux sens français.

GANDILLER, v. n. — Reculer, céder, saigner du nez. Il ne faut pas gandiller, Il ne faut pas chercher des échappatoires. — Vieux franç. gandiller, s’échapper, s’enfuir, fait sur gandir.

GANDIN, s. m. — Bourde, piège, tromperie qui consiste surtout à en faire accroire. Monter un gandin. Exemple : I n’ont monté un gandin à ce grand benoît de Jean-Marie : i z’y ont fait croire que Mlle Fessond, la fille du fabricant, le belette. — Se rattache au bas latin gamnum, gamnatura, raillerie.

GANDOISE, s. f. — Plaisanterie, raillerie. Pistonaud, i nous a dit qu’à Paris, quand il était soldat militaire, il avait visité l’intérieur de l’Eau bélisque, que faut pour ça une carte de Louis-Philippe. Je crois qu’i nous conte de gandoises.

Au fig. Plaisanterie un peu libre. Il n’est pas convenable de conter des gandoises aux apprentisses.

Forme de gandin, avec substitution à in du suffixe oise, d’ensis.

GANDOISER, v. n. — Dire des gandoises.

GANDOU, parlant par respect, s. m. — Vidangeur. Du temps de Molard on disait aussi gadois, mais cette dernière forme a disparu. — Probablement de gadois, par substitution à ois, de ou, suffixe des noms de métier. Gadois a été lui-même fait sur gadoue.

GANDOUSE, parlant par respect, s. f. — Colombine de personne. — C’est gadoue, transformé en gandouse, par la nasalisation de a, et la substitution du suffixe ouse à la finale oue, assez rare en français et qui, à l’ouïr, a semblé masculin.

GAPIAN, s. m. — Employé de l’octroi. Ne s’emploie pas dans un sens aimable. « Gn’y aura plus de gâpians que brâssiont les appas de nos femmes pour voir si gn’a de camelotte. » (Adresse à Louis-Felippe.) — Messieurs les Gapians, s’écriait l’abbé Combalot, dans un sermon à la retraite pastorale du diocèse de Gap, Messieurs les Gapians, vous êtes les douaniers du ciel ! On prétend que le mot n’eut aucun succès parmi le clergé du diocèse. — En relation avec gabelle. Le mot primitif a dû être gabian, qui existe encore en provençal.

GARANDAGE, s. m. — Voy. galandage, qui est la forme primitive.

GARAUDE, s. f. — Femme de mauvaise vie. Le primitif était garoude, qui existe encore dans nos campagnes, de garou : courir le garou, courir le guilledou. Garoude est devenu garaude, sous l’influence de garaudes, sorte de grandes guêtres, dont le nom a disparu avec l’usage de la chose.