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pubis, situé à la partie antérieure du bassin. »

J’entendais une fois un brave homme dire qu’il s’était donné Un coup où les Allemands n’ont pas d’os. Je compris, et je crois encore que c’était un euphémisme délicat pour « se donner un coup au derrière. » Cependant les Genevois n’appliquent pas du tout le même sens à l’expression. Pour eux, c’est de donner un coup à ce que les médecins, je crois, appellent nerf cubital et qui correspond si désagréablement au petit doigt. Il est à croire que mon brave homme, ayant entendu cette expression, avait mal interprétée, mais je ne comprends pas du tout comment les Allemands n’ont pas d’os au coude.

OSSU, UE, adj. — Qui a de gros os. La Perroline n’est pas mal, mais elle est ossue comme un gendarme. — C’est du vieux français.

OSTROGOTH (ostrogô). — Expression péjorative. Quel Ostrogoih ! Quel animal ! As-tu vu cet Ostrogoth qui voulait prendre ma place au thiâtre ! — Le populaire qui se sert du mot en ignore complètement la signification primitive, et j’ai peine à croire que depuis 553 où disparut le royaume des Ostrogoths en Italie, ce nom ait persisté. Je suppose qu’il s’agit d’une qualification dépréciante, ressuscitée au xviiie siècle par quelque lettré, et qui sera tombée dans le domaine public. Il me semble l’avoir lue dans Voltaire.

OT. — Ainsi que le fait remarquer Humbert, dans tous les mots qui se terminent par ot, comme pot, marmot, gigot, nous prononçons o très bref, tandis que les Parisiens le prononcent long : pôt, marmôt, gigôt. Mais Humbert à tort d’ajouter que cette dernière prononciation est celle des dictionnaires car Littré ne fait pas de différence de quantité de o dans marmot et dans marmotte, où o est évidemment bref, de par la double consonne qui le suit. Je crois que le pôt, gigôt des Parisiens est une prononciation affectée, et que notre prononciation lyonnaise est la classique, car le grammairien d’Olivet, dans le premier tiers du xviiie siècle, pose en règle générale que « toute syllabe dont la dernière voyelle est suivie d’une consonne finale, qui n’est ni s ni z, est brève », et il cite pot parmi les exemples.

OUBLIANCE, s. f. — Oubli. La pauvre Zabeau a metu en oubliance la promesse qu’alle avait faite à se n’homme le jour de ses noces.

OUBLIER. — Vous avez oublié d’être bête. Flatterie ingénieuse où le détour ajoute à la délicatesse.

OUCHE, s. f. — Taille du boulanger. — Ça commence à faire une ouche, Cela commence à faire une somme ou un compte important. — Être à l’ouche de quelqu’un, Être à ses crochets, vivre à ses dépens. — Vieux franç. hoche, oche, osche, cran, entaille ; subst. verbal de hoscher, ocher, noter, marquer à l’aide d’entailles.

OUCHER, v. a. — 1. Retourner en faisant sauter. Oucher des pommes de terre.

2. Retourner à l’aide d’une cuiller et d’une fourchette : Oucher la salade. — Oucher est la forme lyonnaise du franç. hocher, qui n’est pas le même que le hoscher dont est sorti ouche.

OÙ EST-CE. — Molard est le seul qui ait signalé ces locutions : Où est-ce qu’il est ? Où est-ce que vous allez ? Pour « Où est-il ? Où allez-vous ? » Humbert ne mentionne que le barbarisme Où ce qu’il est ? sans doute parce que où est-ce est tellement usité qu’il l’a cru correct. À vrai dire, ce n’est point un barbarisme, mais seulement un pléonasme, comme tant d’autres dans notre langue, mais il est déplaisant.

OUI. — Oui bien ! Oui certes ! Les Parisiens prétendent qu’ils nous reconnaissent tout de suite à l’emploi fréquent de cette locution, qu’ils croient incorrecte. Je la crois au contraire très correcte et me souviens même de l’avoir rencontrée dans un bon auteur, dont, par disgrâce, j’ai oublié le nom. Oui bien est exactement le frère de oui da, oui certes, oui vraiment ! Les Allemands ont la même locution : Ja wohl!

Pour un oui, pour un non, À tout propos, à tout bout de champ. Je connaissais un bonhomme à qui un célèbre major de l’Hôtel-Dieu avait fait une opération merveilleuse de proctoplastie. Aussi le major, glorieux, montrait-il son opéré à tous ses confrères. Le bonhomme me disait : Je suis bien content d’en avoir un neuf. Quoique ça, ça me chancagne de le montrer comme ça pour un oui, pour un non.