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PITROGNON, s. m. — Individu qui manie grossièrement les objets.

PITROGNU, USE, adj. — Homme ou femme qui fait malproprement les choses, qui pitrogne le travail. Cette cuisinière est une pitrognuse. — C’est une ancienne forme patoise.

PLACARD, s. m. — « Armoire sans fond qui tient à la boiserie de l’appartement. Ce mot n’est pas français dans ce sens. » (Molard.) — Il l’est devenu : « Placard se dit des armoires pratiquées dans les enfoncements des murs. » (Dict. de l’Académie.)

PLACE. — En place, En retour. Groluchard est bête, mais en place il est méchant. Cette locution ne serait pas approuvée par Molard, mais en place elle est très répandue et tout le monde la comprend.

PLAFOND-DE-PIEDS, s. m., terme de menuiserie. — Sorte de parquet en planches de sapin, souvent brutes. Je n’ai entendu ce terme qu’à Lyon.

PLAINDRE. — Elle est bien de plaindre. Sur cette tournure, voyez connaître.

PLAISIR. — Oh ! le beau panier de fraises ! — Faites-vous en plaisir. C’est-à-dire Usez-en largement, à votre discrétion, de manière à vous satisfaire pleinement. Cette expression est très répandue chez nous.

PLAIVE, s. f. — Pluie. Ce mot, que j’ai souvent entendu employer en plaisantant dans mon enfance, est de l’ancien patois, et doit être tombé en désuétude. — De pluvia.

PLAMUSE, s. f. — Gifle, coup de poing sur le visage. « Avec ma main gobe et rogneuse — Je veux te donner une telle plamuse… » dit le vaillant Bombirolet dans la Bernarde. Au xviie siècle on a plameuse, que Cotgrave traduit par a cuff, a box. C’est bien à tort que les éditeurs d’Ét. Blanc ont donné à plamuse le sens de visage. Les Canettes ne renferment d’ailleurs aucun texte où figure ce mot. — De plat, racine d’aplatir, et du vieux franç. muse, museau. Plamuse, ce qui aplatit le museau.

PLAN, s. m. — Moyen, chance de succès. Aller toujours son droit chemin, c’est le vrai plan pour être considéré… Il n’y a pas plan de sortir. — Dérivation de sens du français plan.

Tirer un plan, Former un dessein, concevoir une invention. Faut que je tire un plan pour que ma femme ne se doute de rien, me disait un bon mari qui réservait sa femme pour les grandes fêtes.

Rester en plan, Être arrêté dans une affaire, ne pouvoir pas aller plus loin. Quand la Félicia se maria avec le Damien, un brave garçon, mais un peu ch’ti, la Gladie lui disait le lendemain : Hé bien ! comment allez-vous tous les deux ? — Moi, je vais bien, mais ce pauvre Damien, qu’esse tout plein gentil, est resté en plan. I m’a dit que c’était la timidité. — Et moi, que j’y ai dit, suis-je t’y don pas timide ?

PLAN, adv. — Aller plan, Aller tout plan-plan, Aller doucement, tout doucement. Comparez l’ital. piano, piano. — De plunum, uni, doux, pris adverbialement.

PLANCHE. — La planche des pieds, La plante des pieds. Il est probable que planche a été substitué à plante, lorsque ce dernier mot, venu de plat, plan, n’éveillait plus l’idée d’un objet plat, mais seulement d’un végétal. Le mot de planche, au contraire, répondait à l’idée en vue.

Compter sur quelqu’un comme sur une planche pourrie. Voy. compter.

Potelée comme une planche bien rabotée. Se dit d’une dame qui manque de galbe.

PLANCHER, v. a. — Plancher quelqu’un, Le semer (voy. ce mot). J’ai planché Rasibut durant qu’il était à la pissotière. — De même que planche des pieds est pour plante des pieds, de même plancher est pour planter. Comp. planter là quelqu’un.

PLANCHETTE. — Planchette à arcades. Voyez arcade.

PLANÇON, s. m. — 1. Outil de bois qui sert à faire les trous où l’on pique les plançons.

2. Plançons, jeunes plants de légumes que l’on repique. — Du bas latin plancionem, pour plantionem.

PLANI, s. m. — Terrain plat sur une montagne, sur un escarpement. À Sainte-Foy-lez-Lyon, une rue s’appelle la rue du Planit. — De planile, de planum.

C’est aussi le nom que nos paysans