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Pourpeux comme une arête. Se dit d’un quelqu’un qui n’est pas gras à fondre à l’ongle.

POURQUOI. — Parce que. On n’a pas voulu l’engager, pourquoi qu’il était trop ch’ti.Pourquoi représente ici pour quoi, pour cette chose, pour cette raison. Ainsi comprise, la phrase est logique, et même correcte au sens archaïque : « On n’a pas voulu…, pour cette raison qu’il était trop chétif. »

Pourquoi-t’est-ce, locut. interrogative, Pourquoi. — Vous m’avez demandé mes ciseaux, pourquoi t’est-ce-faire (les personnes très lettrées, les licenciés, etc. ne font pas la liaison du t). — Expression pléonastique, comme d’ailleurs il s’en trouve tant dans le français.

La locution pourquoi est-ce est un archaïsme. M. Renan, dans son étude sur Mahomet, cite cette phrase du célèbre théologien Génébrard, qui vivait au xvie siècle : « Pourquoi est-ce ô Mahomet, que tu n’écris pas ta loi ou ton Alcoran en latin, en grec ou en hébreu… ? »

POURRI. — Un temps pourri. Non un temps de grande pluie, mais un temps brouillasseux, mouillé, où il pluvigne sans cesse, où tout suinte l’eau, enfin un temps pourri, quoi !

POURRIR. — Pourrir un enfant, Le dorloter, le choyer, lui passer tous ses caprices. C’est la même chose que gâter un enfant, mais avec un sens bien plus intensif.

POURVOYANCE, s. f. — Prévoyance. — De l’idée de pourvoir, qui a pris le dessus sur l’idée de prévision.

POUSSE-CUL, s. m. — Recors. Au temps de la contrainte par corps, leur rôle était considérable. J’avais un jugement contre lui ; ma foi, j’y ai envoyé les pousse-culs !

2. Par extension, Huissier. Il a acheté une charge de pousse-cul.

POUSSER (SE). — Se serrer, se reculer. Monsieur, veuillez vous pousser pour faire place à cette dame. C’est l’inverse du sens français de se pousser, s’avancer.

POUSSIÈRE. — Poussière plate, Coups de poing. Il a reçu dans les yeux de la poussière plate. — « Certaine fille… s’est bien gardée de laver à la plate, parce qu’on l’éborgnait d’une poussière plate, » dit dame Bernarde.

Faire grand’poussière, Faire de l’esbrouffe, du flafla. S’emploie le plus souvent au négatif. Notre voisin en rue Grenette, le père Manivesse, était fort bonhomme mais un peu buvanvin. Mon père le trouve mollement étendu dans le ruisseau de la voûte de Saint-Bonaventure, en face de chez Rentonnet, un jour qu’il avait fortement plu : Eh ben, père Manivesse, qu’est-ce que vous faites là ? — Ah ! mon bon mecieu Puitspelu, je fais pas grand’poussière.

POUTRÔNE, s. f. — 1. Grossière tête de carton sur laquelle les modistes font leurs bonnets.

2. Jouet d’enfant, poupée on carton, sans bras ni jambes.

3. Enflure du poignet des apprentis manœuvres, teinturiers, par analogie de forme avec le jouet. (P. B.)

4. Pansement. Te t’es coupé, mami. Pleure pas, donne ton doigt, je vais te faire une belle poutrône.

5. Statue de femme, avec sens préjoratif. Pour désigner la statue de la déesse Raison, à la Révolution, on ne dit encore que la Poutrône.

6. Femme de mauvaise vie.

Tout le quartier me voit rangé comme un plot d’aune ;
Je n’ai jamais connu cabaret ni poutrône,

Dit le pauvre Jean-François-Benoni Petavet. — Avoir une poutrône sous le bras, Conduire une femme galante. — Du vieux franç. poutre, jument. Le sens primitif est une injure adressée à une femme.

PRATIQUE, s. f., terme péjoratif. — Se dit de quelqu’un de mauvais rapports, de mauvaise foi, d’un pas-rien. Quand on a dit de quelqu’un : C’est une pratique, on l’a jugé. — Je crois que pratique est une ellipse pour « mauvaise pratique ». Ou est-ce « pratique de cabaret » ?

Pratique à l’ail. Voy. ail.

PRÉCIPITÉE. — Il ne faut pas faire une chose à la précipitée. Sur cette jolie création d’un substantif avec le féminin du participe, comp. à la dérobée, et le vieux franç. à la célée.

PREIN. — Le prein de veine, terme de boucherie. Morceau contigu au rond de veine