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RECONNAÎTRE. — Reconnaître son linge, Le compter quand la buyandière le rend, vérifier s’il n’est pas abimé, etc. Expression si claire et si naturelle qu’on ne voit pas comment y suppléer.

Se reconnaître, Manifester par un cadeau sa reconnaissance d’un service reçu. Mon ami, le docteur X…, m’a soigné six mois gratis. Je lui ai envoyé deux pots de vin cuit pour me reconnaître. — Dérivation de sens sous l’idée de reconnaissance, gratitude pour un bienfait.

RECRÉNILLÉ, ÉE, adj. — Ratatiné, ée. Une vieille toute recrénillée.Recrénillé est pour recornillé, de corne. Ralatiné comme des écoupeaux de corne.

RECTUM. — C’est z’un homme qui paie rectum, c’est-à-dire à l’heure sonnante. Très usité. Rectum est pour recta. Quelques-uns disent payer recto, d’autres recta mea. Cela dépend des goûts. En général il vaut mieux ne pas se lancer dans les latinismes, et parler le bon lyonnais de notre meman.

J’ai connu une dame qui me disait : Dans mes lettres, je n’écris jamais qu’au rectum, c’est plus distingué.

RECUEILLIE, s. f. — Parlant par respect, Pierre de taille, communément recreusée et qui se pose inclinée sous l’orifice du cornet de descente, pour diriger dans le fosse ce qui y est destiné.

RECUITE, s. f. — Soucoupe de lait caillé et cuit, parfumé de laurier-cerise. On s’en lèche les cinq doigts et le pouce. Les pays de fabrication sont Sainte-Foy et Sainte-Colombe. En 1814, les bonapartistes appelaient par dérision la cocarde blanche, la recuite. — De recuit, encore bien que la recuite ne soit pas cuite deux fois.

RECULEMENT, s. m. — Bosse, gibbosité. Une gibbosité par derrière est en effet en reculement sur l’alignement.

RECULONS. — Parlant par respect, Ch… à reculons. Voy. ch…

RÉDIMER, v. a. — 1. Diminuer, réduire. Rédimer ses dépenses.Se rédimer, Se restreindre, diminuer ses dépenses.

2. S’affaiblir. La fièvre se rédime un peu. — De dîmer, lever la dîme. Se rédimer, lever de nouveau la dîme sur ses dépenses.

REDONDER, v. n. — Retentir, résonner, faire écho, répondre. Le nom de M. Pasteur redonde partout. Ces bottes me redondent dans la tête. — Du franç. redonder, qui a dévié de son sens primitif, parce qu’il s’est trouvé faire onomatopée.

REDOS, s. m., terme de charpenterie. — Partie du tronc d’arbre refendu, la plus voisine de l’écorce, et qui, par conséquent, est plane du côté du trait de scie, et convexe du côté opposé. On l’emploie en palissades. Un texte de 1400 dit : « Le suppliant eust aussi une aisselle (ais, madrier), nommé dosse. » — De dos.

REDOUBLE, s. f. — Redoublement. Avoir la fièvre avec des redoubles. — Subst. verbal de redoubler, comme purge, de purger.

REDOUX, s. m. — Dégel. Je crois que cette fois nous tenons le bon redoux, Je crois que c’est le dégel définitif. — Redoux : de nouveau le (temps) doux.

REDRESSU, s. m. — Dressoir pour la vaisselle. — De dresser, avec le suffixe u, représentant orem.

RÉDUCTION, s. f., terme de fabrique. — Se dit tant du nombre des coups de trame d’une étoffe que du nombre des fils de chaîne qui sont réunis dans une dent du peigne. Une forte réduction, Une étoffe dans une forte réduction, Une étoffe dont le tissu est très serré.

RÉDUIT, ITE, adj. — Se dit d’une étoffe qui a une forte réduction.

RÉFLEXION. — Manger à sa réflexion, Manger à toute sa faim. — Réflexion, naturablement, est pour réfection. Mais aussi pourquoi réfection est-il incompréhensible ? Tandis que manger à sa réflexion se saisit très bien : on mange selon ce que la réflexion vous conseille, et quand on a très faim, la réflexion vous conseille de manger beaucoup.

REFOIN, s. m. — Regain. Mon oncle d’Yvours a-t-ayu beaucoup de refoin.

REFUS. — Voulez-vous casser une graine ? — Ce n’est pas de refus. — Tournure très heureuse pour Ce n’est pas à refuser.