Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/311

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
301


sorte, dit M. Nodier, qu’un homme qui se pique de bien parler, ne sait comment désigner l’ouvrière qui repasse son linge, ce qui est extrêmement embarrassant pour les gens de lettres qui ont des chemises ». Nodier ne serait plus embarrassé. En 1835, l’Académie a donné asile à cette classe intéressante.

REPATRIER (SE), v. pr. — Se rapatrier, se réconcilier. Il m’est impossible de comprendre pourquoi repatrier (qui est la forme primitive) est moins correct que rapatrier. C’est tout le contraire. Ra pour re est un barbarisme.

REPENTU, UE, part. — Repenti, ie. I s’est repentu d’avoir marié cete fumelle. Cette forme reporte à un verbe repintre, comme venu reporte à un verbe viendre ; couru à un verbe codre ; sentu à un v. sintre ; sortu à un v. sotre ; féru à un v. fierdre. Les participes en u sont trop rares dans la conjugaison en ir pour que repentu ait été fait par simple analogie.

REPIQUER, v. n. — Se dit du froid qui recommence. La froid a repiqué avè la nouvelle lune.

Repiquer du même, Recommencer. Te t’as fiolé hier ? Faut repiquer du même pour te guérir. — Aux cartes : T’as joué cœur, i te faut repiquer du même.

REPITAUD, s. m. — Gros ver des vieux fromages. — Du patois repita (aujourd’hui repitô), se défendre des pieds, des mains, parce que ces vers se contractent et sautent. Repita, de pedem ; mot à mot regimber.

REPLAT, s. m. — Partie de terrain de niveau sur une colline ou à mi-hauteur d’une colline. Sénancourt, dans Obermann, emploie dans ce sens le mot de replain (« J’étais déjà parvenu sur le massif de roc qui domine la ville, et je traversais le replain en partie cultivé qui le couvre »), en faisant observer qu’il serait difficile de remplacer ce mot par une expression aussi juste. — De plat, comme replain de plain. Replat, qui est de nouveau plat. Comp. refoin.

REPONDRE, v. n. — Correspondre. J’ai mal à une dent machillère, et ça me répond (ne pas mettre d’accent sur l’e) dans l’oreille.

REPRENDRE. — Il y a de quoi se reprendre. Se dit en parlant d’une grosse femme. On dit aussi Il y a de quoi se revoir.

REPRIN, s. m. — Recoupe, son qui contient encore de la farine. — De re-prinsum, parce qu’on « reprend » la recoupe pour en faire une nouvelle farine.

REPRISER. — Repriser des bas. Cette expression très populaire est aujourd’hui naturalisée française, de par la dernière édition de l’Académie.

REPROCHER, v. a. — Donner à l’estomac ce que l’Académie appelle délicatement des « rapports » (!) J’aime l’ail, mais il me reproche. Cette métaphore est très élégante. Pourtant il semble plutôt que ce soit l’estomac qui fasse des observations. La langue est pleine de ces mélonymies.

REQUINQUILLER (SE), REQUINQUINER (SE) v. pr. — 1. Se parer coquettement.

2. Se rengorger, se redresser comme le coq. As-tu vu la Louison, depuis qu’elle a son métier pour maîtresse, comme elle se requinquille ! — Appartient probablement à la même famille que quinquaille. Se requincailler, se requinquiller.

3. Se ratatiner, se recroqueviller. La froid me fait toute requinquiller.Requinquiller est pour recoquiller, replier en coquille.

RESPECT. — Parlant par respect. Formule de politesse dont on doit accompagner toute expression basse ou qui réveille une idée répugnante. Même le mot de fumier ne se doit pas prononcer sans être précédé de parlant par respect ; et la formule doit toujours précéder le mot et non le suivre, afin que votre interloculeur ait le temps de se préparer à quelque chose de désagréable. Je connaissais un bon homme qui poussait si loin la délicatesse à cet égard, qu’il ne disait jamais « ma femme » sans le faire précéder de « parlant par respect ».

RESSAUTER, v. n. — Tressaillir avec des mouvements très forts, tressauter. Ces pets de boîte me font toute ressauter. — Ressauter, faire des sauts [involontaires].

RESSEMELAGE, s. m.— « Dites carrelure. » (Molard.) Il avait tort, car les deux mots