Page:Le Littré de la Grand'Côte, éd. 1903.pdf/325

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trompe la faim en se serrant avec une sangle.

SANGLÉ, ÉE, adj. — Gêné, misérable. C’est pas un garçon pour tromper ; mais il est sanglé, y a pas grand’fiance à avoir. — De sangle, croyablement.

SANGLER, v. a. — Il lui a sanglé le groin d’un coup de fouet, Il lui a cinglé un coup de fouet par la figure. — De sangle comme objet servant à fouetter. C’est la même origine que cingler, mais je ne crois pas qu’il en soit une corruption.

SANGUINAIRE, adj. des 2 g. — Qui est d’un gros sang. Ma fille est si tellement sanguinaire, me disait le bon père Landerain, que toutes les fois que M. Meluchard entre dans l’ateyer, elle vient toute rouge.

SANSOUILLE, s. f. — Agottiau, écope qui sert à vider l’eau d’un baquet. Subs. verbal de sansouiller.

SANSOUILLER, v. a. — Tremper dans l’eau en agitant, surtout dans l’eau sale. Ce salopiaud de Tienne est toujou après se sansouiller. — Du type qui a fait le français souiller, avec la particule san (voy. sampille).

SANTÉ. — Nous avions à Sainte-Foy un vieux chantre qui, à la procession des Rogations, était chargé de chanter les litanies des saints. Un jour, il avait oublié son graduel, mais cela lui était égal, il savait ses litanies par cœur. Pourtant, arrivé à saint Roch, il eut une défaillance de mémoire. Il ne s’arrêta pas pour si peu, et chanta bravement :

Santé, ce grand saint,
Qu’avôve un chin,
Que portôve une miche u groint
Ora pro nobi !

Personne ne s’aperçut de l’erreur.

SAPIN. Voy. sentir.

SAPINE, s. f. — Petite barque d’environ sept pieds de large, et qui sert surtout au transport du sable. Le mot est fort ancien. En 1386-90, le sapine de sable coûtait 5 gros ; vers 1460, 9 gros, et la sapinette, bateau plus petit, 7 gros. Le gros valait douze deniers, c’est-à-dire un sou. — De sapin, comme penelle de pin.

SAQUE, s. f. — Poche. Je crois le mot tombé en désuétude, mais ma mère l’employait encore. — De sacca, pour saccum, qui avait déja dans Cicéron et Horace, le sens de bourse, sachet.

SAQUER, v n. — Saquer quelqu’un, lui donner congé, le mettre à la porte. De sac (du soldat). Saquer, donner son sac. Comp. Donner son sac et ses quilles.

SARABOULER, v. a. — C’est sabouler, avec aggravation, ainsi que l’indique l’insertion de la syllabe péjorative ra.

SARMOIRÉ, ÉE, adj. — Se dit d’un ragoût salé outre mesure, et, par extension, de toute sauce trop épicée. Cette sauce est sarmoirée, qu’on dirait que la poche-grasse a vidé la chaise à sel dedans. — De salmuria, saumure.

SARRON, s. m. — Sciure de bois. Nous nous servions toujours de sarron pour sécher l’encre, lorsqu’on n’avait pas encore l’usage du papier buvard. — Du patois sarra, scier, de serra.

SATIN, s. m. — Satin d’Albigny. De mon temps on ne connaissait que deux espèces de satin, le satin cinq lisses et le satin huit lisses. Depuis, on a inventé le satin sept lisses, appelé satin merveilleux et que les canuts avaient dénommé narquoisement satin d’Albigny, pour autant que le canut qui faisait cet article, payé seize sous et qui en valait vingt-huit ou trente, était fatalement condamné à finir ses jours au dépôt de mendicité qui, comme on sait, est à Albigny.

SATINAIRE, s. des 2 g. — Ouvrier, ouvrière qui fait du satin. Madellène Batillon, qui écrivit, « en n’avri 1795, » la très belle réponse à Gérôme Blicar, était « compagnonne sanitaire cheux mêtre Serpolet, en Borneu ». — De satin, avec le suffixe aire, très répandu dans notre patois pour les noms de métiers, et qui représente le latin atorem.

SAUCE. — Une sauce longue, Une sauce trop claire et trop abondante.

Une figure à faire tourner une sauce blanche, Se dit d’un visage où la régularité des traits laisse à désirer.