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Bâton de saint Joseph. — Campanule pyramidale. De même à Plaisance l’appelle-t-on Baston d’san Giusepp’.

C’est un bâton… breneux, on ne sait par quel bout le prendre. — Se dit d’un homme dont le commerce n’est pas des plus onctueux.

BATTANDIER, s. m. — Fabricant d’ustensiles pour la fabrique. — De battant.

BATTANT, s. m. — Organe du métier de canut. Bâtis en bois mobile et suspendu. La traverse inférieure se compose de deux parties, la poignée et la masse. Le peigne en acier, au travers duquel passent les fils de la chaine, est encastré entre la poignée et la masse, dans des rainures qu’on nomme chanas. Au moyen d’un coup de battant, le canut serre le dernier coup de trame contre le précédent.

Dans les Tribulations de Duroquet, Gnafron se plaint que sa pauvre défunte n’avait jamais pu mordre à la canuserie. « Après deux ans de mariage, dit-il, elle ne connaissait pas encore les ensouples d’avec le battant. » Je ne sais pourquoi cette inoffensive plaisanterie avait le don de faire rire aux larmes toute la salle.

Battant à clinquettes, Battant léger pour les florences, les pelures d’oignon, etc. Voy. clinquettes.

Battant plombé, Battant des grosses étoffes en grande largeur.

Battant à bouton. De mon temps, la navette était saisie par le canut à l’aide du médius, et avec l’index il la chassait dans l’ouverture de la medée. Aujourd’hui on se sert surtout du battant à bouton. C’est un battant dont la traverse inférieure dépasse la largeur de l’étoffe à droite et à gauche de façon à porter, en dehors de la largeur, une boîte où se loge la navette. Le canut, au lieu de lancer la navette à la main, tire vivement, à l’aide du bouton, deux cordes qui, passant par-dessus des poulies, s’attachent au rat (voy. ce mot), logé de chaque côté dans la boite. Ces cordes, en se raccourcissant, chassent le rat, lequel chasse lui-même la navette.

Battant à double boite, Battant à plusieurs boites contenant plusieurs navettes. Ce battant supprime le lancé à la main dans les brochés.

Poli comme la poignée d’un battant qui a servi de père en fils. Se dit des personnes affables et courtoises.

BATTERIE, s. f. — Batterie, parbleu ! Peu de Lyonnais, parmi les bacheliers, se doutent que lorsqu’un canut dit de quelqu’un qu’il a-t-ayu l’œil au beurre noir dans une batterie, il parle le plus pur français de l’Académie. Batterie figure en effet dans son dictionnaire.

BATTILLON, s. m. — Battoir de bois dont les buyandières se servent pour battre le linge. — Au fig. Langue de femme. Femme qui n’a pas de battillon n’a jamais été battue. Manière de dire que les femmes qui ne disent pas de mauvaises raisons à leur mari ne courent jamais fortune de se voir secouer les puces.

Malheureuse comme une femme qui n’a gin de battillon. Une femme qui n’a point de langue, c’est une carpe sans nageoires, une hirondelle sans ailes, un lièvre sans pattes, un banquier sans argent, une noce sans tambourins, un évêque sans mitre, un apothicaire sans thériaque, un charretier sans jurons, un roi sans couronne, un épicier sans cannelle, une buyandière sans savon, un drapier sans demi-aune, un mendiant sans plaie. Bref, c’est la fin, la mort, le néant. Ainsi soit-il. — De battre avec le suff. illon, qui exprime le bruit, la vivacité, le redoublement. Comp. frétillon, carillon, barbillon, postillon.

BATTILLONNER, v. a. — Battre le linge au battillon.

Battillonner quelqu’un, le passer au battillon. Terrible ! C’est quand on passe par la langue des femmes.

BATTOIRE, s. f. — Baratte.

BATTRE. — Battre le beurre, le baratter.

Battre froid à quelqu’un. En partie, tous les maris battent froid à leurs femmes, du moins durant le jour. — Expression détournée de son sens. Au XVIe siècle, on disait battre à froid, pour s’évertuer, prendre beaucoup de peine, parce que le métal forgé à froid exige une dépense d’efforts plus considérable. Puis froid a été pris au sens de froideur, De là l’incorrection de la construction, car on ne bat pas le froid.

Battre la flême, Se lantibardaner.

Battre une colle, Faire un mensonge. Les femmes n’ont pas leurs pareilles pour