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BOUCHARDAGE, s. m. — Travail fait à la boucharde.

BOUCHARDE, s. f. — Outil du tailleur de pierre. Marteau dont la tête est armée de dents en pointe de diamant et dont on se sert pour faire les parements de la pierre de taille. — Fait sur bûcher (une pierre). Littré dit qu’on nomme boucharde le marteau à pointe de maçon. Rien de plus inexact, au moins en ce qui nous concerne. L’outil désigné par Littré se nomme têtu.

BOUCHARDÉ, ÉE, adj. — Qui a été travaillé à la boucharde.

BOUCHARDER, v. a. — Travailler à la boucharde.

BOUCHARLE, BOUCHERLE. s. f. — Élevure qui vient sur les lèvres. Mme Pouillenez : Je sais pas ce qu’a le Marius, il a toujours tout plein de boucharles.Le père Cinquet, doctement : Pardi c’est pas difficile. C’t enfant i se pitrogne le bas de la Grand’Côte, puis i se grabotte le nez après. Vous y devriez dire qui se grabotte d’abôd, puis qu’i se pitrogne après. Par ainsi i n’aura pas de boucharles aux lèvres.Mme P., émerveillée : C’est juste ! Jamais j’aurais trouvé ça toute seule ! — De bouche.

2. Fauvette. — Bas latin boscum, bosquet. La boucharle est l’oiseau des bosquets.

BOUCHÉ. — Bouché comme un escargot par le grand sec. Ne se dit pas de quelqu’un qui a la comprenette bien déliée. On dit dans le même sens, Avoir l’esprit bouché.

Être bouché des sept trous (les yeux sont comptés pour des trous), Être stupide.

Un homme porté sur sa bouche, Un gourmand.

  • Encore un des nombreux exemples de

la pureté de notre langage. On dit couramment à Paris, sans tenir compte, ni de la correction grammaticale, ni de la convenance : porté pour sa gueule. J’ai relevé dans un auteur à la mode : Ce qu’elle doit être sujette à sa gueule (Gyp).

BOUCHER. — Tous les bouchers ne tuent pas des veaux. Se dit en parlant de ceux qui n’ont pas l’esprit bien débouché.

BOUCHON, s. m. — 1. Branches de pin, formant autant que possible la boule, et qu’on suspend, en guise d’enseigne à la porte des cabarets. Dans l’antiquité, le pin était consacré à Bacchus. Il n’est pas téméraire de penser que le bouchon rappelle cette tradition. — Dimin. de bousche, en vieux franç. faisceau de branchages.

2. Le cabaret lui-même. — Métonymie : de la chose pour le signe de la chose.

3. Terme de canuserie. Petite agglomération de bourre qui se fait parfois aux fils de la chaîne par suite de l’écorchement de la soie.

4. Terme de tendresse. Mon cœur, mon petit bouchon. — Est-ce bouchon de cabaret pris au fig. ? Le bouchon de cabaret est pour beaucoup une vue si aimable.

Bouchon de latrines. Se dit, au fig., d’une très petite femme. Il est bon de s’abstenir de cette métaphore devant les dames.

À bouchon, loc. adv. Tomber à bouchon, S’aboucher. Se coucher à bouchon, Se coucher sur le ventre. « Ce mot est encore en usage (je le crois bien !), dit Armand Fraisse, témoin ce refrain suave que nous avons entendu, il y a quelque jours, à la Guillotière, chanté à tue-tête par une petite fille rose et blonde :

Fouilleuse,

Rogneuse,
Marchande d’oignons,
Qui vire,
Qui tourne,

Qui tombe à bouchon. »

De bouchon (v. aboucher).

BOUCI-BOULA, adv. — Couci, couça. À un négociant : Comment vont les affaires ? — Bouci-boula. À une jeune mariée : Eh bien, ce mari, ça marche-il ? — Bouci-boula. — C’est une corruption de sens. Le sens véritable est tête-bêche (bout-ci, bout-là). La dérivation s’est faite sous la double influence de boulotter, aller plan-plan, et de couci-couça, dont les terminaisons rythmiques se rapprochent de bouci-boula.

BOUFFARET, adj. — Joufflu. Ne s’emploie que dans l’expression Ange bouffaret pour un petit chérubin bouffi. Rose comme un ange bouffaret. On raconte que lorsque la sainte Vierge monta au ciel, le jour de l’Assomption, elle fut portée par des anges bouffarets, de ceux qui n’ont que la tête et deux ailes, comme cela se voit dans les tableaux des vieux maitres. En arrivant là-haut, les petits anges, comme bien s’accorde, étaient bien fatigués. Il parait qu’il y a si loin ! « Allons, mes petits enfants, dit la sainte Vierge compatissante,